Sékou Touré se marie

André Lewin.
Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.

Paris. L’Harmattan. 2010. Volume I. 236 pages


Chapitre 15. — 18 juin 1953 Sékou Touré se marie


Les femmes de Guinée, souvent militantes du PDG qui a très vite multiplié ses sections féminines (la première d’entre elles est créée à Conakry le 6 décembre 1949), sont nombreuses à suivre Sékou, dont le verbe ardent et assuré les subjugue et dont elles admirent la prestance et l’élégance ; Georges Balandier note “son emprise presque amoureuse sur les foules à forte présence féminine. ” 318
Les commerçants libanais et français de Conakry lui fournissent volontiers costumes et cravates chatoyantes, dans l’espoir sans doute de se le concilier à l’avenir ; il a, disent-ils, la “taille mannequin”. D’ailleurs, l’un de ses sobriquets à l’époque est “Monsieur Trois Pièces” (“Monsieur T.P.”, en raison du pantalon, du costume et du gilet) ou encore “Sékou drap” ! Seuls, dit-on, Nabi Youla et Keita Fodéba le surpassent en élégance ; en fait, ils recourent souvent à Paris au même tailleur 319. Il est réputé aussi pour ses chapeaux noirs à bords roulés, à l’anglaise, de style Eden. On le considère comme un dandy et lorsqu’on l’approche en privé, il sent le patchouli et le savon anglais. Mais il commencera à s’habiller plus volontiers en tenue africaine à partir de 1957, et plus systématiquement à partir du début des années 60.
Les femmes sont l’un des points faibles de Sékou, bien que certains témoins 320 affirment que pendant une brève période de sa vie, il ait peut-être failli “virer de bord” ; en fait de jeunes Européens ne pouvaient manquer de s’intéresser à cet élégant et bouillonnant jeune homme dont le pouvoir de séduction s’exerçait “tous azimuts”. C’est l’époque où on le voit beaucoup avec un journaliste français établi à Dakar, Charles-Guy Etcheverry 321 ou encore avec un pharmacien installé à Conakry, futur directeur de laboratoire un certain Girodel.

Quelques observateurs — qui ne sont pas tous forcément des adversaires de Sékou — avancent même une explication homosexuelle à propos de la réelle fascination que ce dernier a exercée sur Cornut-Gentille322. Rien n’est avéré cependant, et l’on peut fort bien penser que ce sont d’authentiques et solides amitiés viriles qui furent alors nouées, à moins qu’il ne s’agisse d’une autre manifestation de l’ambivalence du personnage.
Avec le sexe féminin, en revanche, Sékou n’éprouve aucun complexe ; africaines ou libanaises, françaises ou métisses, jeunes ou moins jeunes, célibataires ou mariées, il ravage les coeurs, brise les ménages, se brouille avec les maris, les amis ou les amants, jusqu’à la bagarre. Il pratique les cinémas comme le Vox, le Rialto ou le Rex, dîne dans les restaurants de l’hôtel du Niger, de l’Avenue-Bar, de la plage Perrone, de la Plantation, du Terras Hotel (au kilomètre 7, anciennement nommé Denis, tenu par Madame Moret), du Rat Palmiste ou de la Brasserie du Port (mais il reste fidèle aussi à de modestes échoppes-restaurants comme celle que tient en ville, près de la 4ème avenue, “Marie-Brochette”, une Guinéenne qui le nourrissait gratuitement aux jours difficiles). Il adore les rythmes syncopés, danse la valse, le boston, le fox-trot, la rumba ou le tango, et fréquente régulièrement les night-clubs comme Paris Biguine, le Palmier, le Cosmopolite, la Pergola à Camayenne-Plage et plus tard la Minière, où se produisent alors quelques uns de ses amis, dont Damantang Camara, Nfamara Keita et plusieurs autres jeunes militants qui ont formé ensemble un petit orchestre-musette appelé “La Parisette” 323
Ses conquêtes féminines défraient la chronique et alimentent les mille rumeurs de Conakry. On y connaît bien entendu la réelle histoire d’amour qui le lie plus profondément que durablement à Raymonde Jonvaux, la jeune syndicaliste CGT qu’il a rencontrée à Paris 324. Mais on cite également — parfois sur des indices, mais aussi souvent sans aucune preuve :

  1. l’épouse d’un Libanais borgne, photographe et éditeur de cartes postales, Edmond Abkouk 325
  2. la métisse Yvonne Guichard
  3. [ou] la jeune et jolie fille du commandant Salah Diallo, qu’il manquera épouser et qui ne se remettra jamais complètement de la belle histoire d’amour qu’elle a vécue ou imaginée
  4. Maria Bernadette Diallo, métisse guinéo-brésilienne, étudiante à Paris, la seule à en avoir fait état 326, une sage-femme métisse venue de Bamako
  5. Aminata Diallo, qui sera aussi pendant huit ans sa fidèle secrétaire 327
  6. une cousine de Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, qu’il aurait volontiers épousée en 1953 sans le veto du futur prélat, alors simple vicaire de la petite paroisse missionnaire catholique Saint-François-Xavier de Faranah 328
  7. madame Man, une jeune femme d’origine sénégalaise, chargée du courrier personnel de Sékou lorsqu’il devient en 1957 vice-président du Conseil de gouvernement
  8. Marcelle Ouegnin, surnommée l’“Ivoirienne au grand coeur” par ses amis, productrice à Radio-Dakar, militante de l’Association des femmes du Sénégal, maîtresse attitrée de Sékou Touré 329, qu’elle rejoignit à Conakry après la Loi-cadre pour aider à la mise en place de la jeune radiodiffusion guinéenne 330
  9. la belle et intelligente Rallou Miloyannis, métisse guinéo-grecque originaire de Dinguiraye 331
  10. Thérèse, l’épouse de Félix Houphouët-Boigny
  11. une jeune Suissesse, Annerösli Streit, épouse d’un nommé Schill qui aurait après l’indépendance entraîné des recrues guinéennes
  12. Maimouna, une jeune Sénégalaise épouse d’un ingénieur, camarade d’études d’Ismaël Touré, que Sékou Touré fit emprisonner parce qu’il avait battu son épouse qu’il soupçonnait — peut-être à tort — d’avoir reçu chez lui le président en son absence, et dont elle eut le courage d’aller demander la libération au Président, qui le fit relacher mais qu’il releva de ses fonctions directoriales et exila dans une lointaine région
  13. [et] dans les dernières années de sa vie, Fally Kesso Bah, une jeune femme peule, épouse de Thierno Hassan Sow, directeur de cabinet du Premier ministre, elle-même vice-gouverneur de la Banque Centrale de Guinée.

Il va même séduire la femme de l’un de ses principaux adversaires politiques du moment, Framoï Bérété. Agent du CCFA (Comptoir Commercial Franco-Africain), Framoï Bérété fonda naguère avec lui l’Union du Mandé et en sera le président, avant d’occuper des postes de responsabilité au PDG (il en fut l’un des secrétaires à sa fondation), qu’il quittera pour se faire élire Conseiller territorial et devenir président de la commission permanente de l’Assemblée territoriale 332. Fatou, c’est le nom de la jeune femme, va jusqu’à subtiliser à son mari des lettres compromettantes que Sékou peut ensuite brandir en pleine réunion électorale en provoquant la sensation que l’on devine ; il s’en servira également lors d’un procès en diffamation qu’il intente contre Bérété en septembre 1949 pour des articles publiés dans “La Voix de la Guinée” et qu’il gagne, spectaculairement, comme nous l’avons déjà vu 333
Il y aura ainsi à travers les années de nombreuses et délicates “histoires de femmes” entre Sékou et certains notables africains ou français ; certains lui en tiendront longtemps rigueur comme Jean-Marie Cadoré et Houphouët-Boigny lui-même… 334
Sékou Touré s’était marié une première fois en 1944, vers la fin de la guerre, avec Binetou Touré ; de l’union avec cette jeune Guinéenne, élégante et séduisante mais illettrée, il semble que soit née une fille, Oumou, morte quelques mois après sa naissance ; en tous cas, le divorce fut prononcé le 4 juillet 1947 par le Tribunal de 1er degré de Conakry.
Il s’est remarié le 9 janvier 1948 avec une jeune femme catholique pratiquante d’origine sénégalaise (elle était née à Saint-Louis), Marie N’Daw, qui travaillait avec lui aux PTT 335. Le mariage a lieu à Labé, dans la maison du docteur Traoré 336. Le couple s’installe dans le quartier de Sandervalia, non loin du 8ème boulevard et de l’hôpital Ballay (aujourd’hui hôpital Ignace Deen). Sékou s’y fait construire une belle concession et répond, contre toute évidence, lorsqu’on lui demande comment il avait pu la financer, que l’argent provient de sa famille !
Mais les relations au sein du couple finissent par se dégrader ; Sékou multiplie les aventures amoureuses et son épouse veut lui donner une bonne leçon ; une nuit, Sékou rentre tard et la trouve en compagnie de Sow, un maçon sénégalais qui travaille à l’entreprise Peyrissac ; il décide alors de s’en séparer 337. Leur divorce sera prononcé à la fin de l’année 1952, quelques mois avant son union avec Andrée Kourouma, seul mariage qui figure dans sa biographie officielle.
Marie N’Daw gardera avec elle les deux garçons nés de l’union avec Sékou. Ils vont en classe à la Petite École Française de Conakry, où étudient également les enfants d’autres syndicalistes guinéens, et pas seulement les chrétiens. Un jour, le responsable de l’enseignement de la Guinée française, Chambon, envisage de fermer cet établissement, ou tout au moins de mieux le contrôler ; les parents cherchent un défenseur dynamique ; ainsi Sékou Touré devient-il pour un temps président de l’Association des Parents d’Élèves de la Petite École Française !
Mais, avec les responsabilités, le souci de respectabilité sociale de Sékou s’affirme, d’autant que sa famille fait pression sur lui. Délaissant pour un temps les amours passagères et parce qu’il faut bien s’établir, parce qu’il est tombé très amoureux aussi, il va se marier avec Marie-Andrée Kourouma, originaire de Macenta en Guinée forestière, une métisse sérieuse, intelligente et jolie, fille du docteur Paul-Marie Duplantier et de Kaïssa Kourouma 338
Andrée (c’est le prénom qu’elle privilégiera) nait en 1934, mais son père quitte la Guinée alors qu’elle a deux ans seulement, et elle sera élevée à Kankan dans la famille de son oncle, Sinkoun Kaba. Elle s’y familiarisera avec l’Islam 339, tout en restant fidèle à sa religion catholique d’origine 340. Après son certificat d’études, obtenu à douze ans en 1946, elle suit les cours du Collège des jeunes filles de Conakry (tenu par les Soeurs de Saint-Joseph de Cluny) et en sort avec le Brevet élémentaire, pour devenir alors secrétaire de l’Association des Femmes de l’Union Française.
Chez son oncle Sinkoun Kaba, elle a fait la connaissance de Sékou Touré, lequel vient pendant l’été 1952 faire à Kankan sa demande officielle. Il s’agit plus ou moins d’un mariage arrangé par les deux familles, qui ont d’ailleurs un point commun, puisque le grand-père maternel de la jeune fille a été élevé chez l’almamy Samory Touré
Le mariage est décidé en dépit de maints obstacles : ainsi l’influente Union des Métis cherchera-t-elle à s’y opposer pour des raisons raciales et ethniques ; Sékou souhaite de son côté soumettre son choix au comité directeur du PDG et adresse parallèlement un courrier aux militants de la CGT 341 ; il aimerait également se marier à la Cathédrale Sainte-Marie de Conakry, mais il n’arrive pas à convaincre Mgr Michel Bernard, archevêque de la capitale, de célébrer cette union 342. Certains de ses amis, tels le Dr. Kanfory Sanoussi, le poussent également à se marier selon le rite musulman.
C’est finalement à la mosquée de Kankan que le mariage religieux est célébré le 18 juin 1953, en l’absence des époux, comme le permet la pratique musulmane : la jeune femme séjourne au sein de sa famille et Sékou est resté à Conakry. L’administrateur français de Kankan ayant refusé d’enregistrer le mariage civil en raison du turbulent militantisme de Sékou, c’est finalement à la mairie de Conakry qu’il sera célébré quelques semaines plus tard 343
Le couple s’installera dans le quartier de Sandervalia, 7ème boulevard (également appelé boulevard Sanderval), dans la concession d’un ami, François Bandjo, avant de s’établir, en 1956, dans la résidence attribuée au maire de Conakry, près de l’Hôtel de Ville. Un marabout aurait dit un jour à Sékou que son pouvoir ne courrait aucun risque tant qu’il garderait sa “femme blanche” ; mais on connaît aussi son goût mystique pour la symbolique de la couleur blanche. En tous cas, le couple traversera tous les orages de l’indépendance et des années de pouvoir ; avec dignité, douceur et intelligence, celle que l’on appellera “Madame Andrée” ou “La Première Dame” ignorera les fredaines de son présidentiel époux et tentera de tempérer ses humeurs 344, tout en renforçant progressivement les positions de sa propre famille 345
De cette union 346 naîtra, le 12 mars 1961, un fils, prénommé Mohamed 347
Mais Sékou Touré avait déjà eu le 12 décembre 1953 une fille Aminata ; Sékou ne l’a pourtant pas reconnue tout de suite — il le fera lorsqu’elle aura huit ans et lui fera donner le nom de sa propre mère. La mère d’Aminata, Marguerite Cole (ou Colle), mourra en décembre 1971 ; chrétienne (protestante anglicane), elle était originaire des îles de Los et avait suivi les cours de l’École Normale de Rufisque. Cette institutrice, également épisodique cheftaine d’une troupe féminine de Scouts, travaille comme secrétaire à l’Assemblée territoriale ; c’est là que Sékou la rencontrera en 1951, avant même qu’il y soit élu ; elle rendra de notables services au leader du PDG, l’informant de quelques manoeuvres manigancées par ses adversaires. Il est rapidement question de mariage, d’autant que la jeune femme est enceinte ; quelques formalités préalables sont accomplies par les familles, mais le père de Marguerite, Temple Cole, exige la conversion du prétendant à la religion anglicane, ce que Sékou refuse catégoriquement, affirmant ne pouvoir renoncer à l’Islam, dont il n’est pourtant pas à l’époque un pratiquant trop régulier. Les fiançailles sont donc rompues en 1953 348. Après quelques années de réticences (“cette naissance est une erreur”, disait-il), Sékou finira par reconnaître Aminata lorsqu’elle eut huit ans et lui vouera jusqu’à la fin une adoration sans faille. Un jour, il racontera l’une de ces paraboles dont il était coutumier et qui pourrait bien avoir été inspirée par le souvenir de cette aventure intime.

“L’enfant appartient plus à sa mère qu’à son père. Jamais une femme ne peut donner naissance à un enfant à son insu. Mais il arrive malheureusement que par violation des règles sociales, un homme ait un enfant à son insu. Cet homme rencontrera un jour le petit enfant dans la rue et lui demandera le prix des cacahouètes. Il ne sait pas que c’est son enfant. Il restera tout à fait indifférent à l’égard de ce jeune être issu de lui à son insu. S’il était vraiment croyant, tout enfant qu’il verrait serait considéré par lui comme le sien propre et s’il en possède les moyens, il lui viendrait en aide. Mais un jour, sa partenaire vient lui faire des confidences : Mon cher ami, excuse-moi, voilà ce qui s’est passé à tel endroit en telle année. Ce petit enfant, c’est le tien ; regarde-le.” Il le regarde, il fait des recherches, tout est rigoureusement fondé. Il prend conscience que c’est son enfant. A partir de ce jour là, il changera d’attitude vis-à-vis du jeune être. Maintenant, l’affection naît. Maintenant, il se considère responsable de l’enfant et il s’occupe de lui.” 349

Aminata épouse le 24 avril 1974 Camara Mamadouba, dit Maxime, l’un des plus prestigieux footballeurs du pays, chef de cabinet du ministre de la coopération. Leur union, célébrée à la mosquée de Coronthie et devant le Pouvoir Révolutionnaire Local du comité Mbalia, donne lieu à une journée fériée, chômée et payée dans tout le pays. Leur fils, né en 1977, sera prénommé Ahmed, comme Sékou lui-même ; celui-ci jouait fréquemment avec lui, l’adorait visiblement et admirait en son petit-fils un caractère et un tempérament déterminés où il se retrouvait 350.

Notes
318. Il est inutile de revenir sur l’importance du vote féminin. Le suffrage universel a été octroyé de droit à tous les adultes des deux sexes par l’article 82 de la Constitution française du 26 octobre 1946. Toutefois, ce principe n’a pu être immédiatement respecté en raison des difficultés d’identification des électeurs (absence d’état-civil, négligence de déclaration en ce qui concerne les filles, etc.). Le titre III de la Loi-cadre du 23 juin 1956 confirme le suffrage universel, et, en Guinée notamment, le vote des femmes est devenu une réalité.
319. Après l’indépendance, au moment où les relations avec la France étaient très tendues, Sékou Touré s’agaçait de voir certains cadres continuer à passer par Paris, non seulement pour y prendre des contacts, mais aussi par exemple pour y acheter des chemises ou s’y faire confectionner des costumes. Il leur lance un jour : “Même si vous devez aller à Oulan Bator, il vous faudra toujours passer par Paris !”
320. La première personne à en avoir ouvertement parlé à l’auteur a été Madame Madeleine Maes, une métisse depuis très longtemps établie en Guinée, propriétaire de l’excellent restaurant “L’Escale de Guinée” à Conakry.
321. Celui-ci, professeur d’espagnol de son état, avait fondé au Sénégal en 1943 le Mouvement Uni de la Résistance (MUR), mouvement anticolonialiste proche du parti communiste, dont fit partie également Gabriel d’Arboussier. Directeur de l’hebdomadaire “Le Réveil” il en fit l’organe du RDA. L’administration coloniale intenta 17 procès contre lui. Bien que plus proche des thèses de RDA que de celles de Senghor, Etcheverry fut néanmoins après l’indépendance le conseiller personnel du président du Sénégal et fonda le service de presse de la Présidence, qu’il quitta lors de sa retraite en 1968.
322. L’ancien président du Conseil du Sénégal Mamadou Dia, interrogé à propos des rumeurs d’homosexualité concernant l’ancien haut-commissaire, répond : “Ce n’était pas un secret, tout Dakar en parlait, le Palais était plein de la rumeur, mais on l’expliquait en disant qu’il était un intellectuel ! Et il s’était entouré d’intellectuels !” ; son épouse précise : “En Afrique, on sent tout de suite ces choses là !” (conversation avec l’auteur, Paris, 23 février 1999). Dans le même esprit, Koumandian Keita, le leader du BAG, affirme que Cornut-Gentille “avait des sentiments pour Sékou” (son témoignage à Valéry Gaillard pour le film “Le Jour où la Guinée a dit non” (déjà cité). Dans son livre La Guinée sans la France (Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1976), Sylvain Soriba Camara emploie pudiquement la formule : “Les rapports entre les deux hommes ont donné lieu à des commentaires divers” (p. 34). Enfin, l’ancien haut-commissaire Pierre Messmer confirme à demi-mot ces rumeurs concernant son prédécesseur, ajoutant que son surnom était “Coco-Bel oeil” (conversation avec l’auteur, Chantilly, 13 juin 2004 ). Il n’est jusqu’au mouchoir blanc qui ne le quittait guère et qu’il agitait fréquemment en conduisant ou en saluant les foules, qui n’ait été — abusivement de l’avis de l’auteur — interprété de manière équivoque.
323. Damantang Camara jouait de l’accordéon, Mory Camara de la guitare et Nfamara Keita du banjo, ce dernier en alternance avec Momo Wandel Soumah [de l’orchestre Keletigui et ses Tambourinis], contrôleur des PTT, également saxophoniste. Sékou Touré lui-même ne jouait d’aucun instrument de musique (à l’époque, apprendre un instrument était réservé à la caste des griots), et chantait mal et très peu : son répertoire consistait essentiellement en chansons enfantines françaises, apprises à l’école. Un article de Gérard Arnaud paru le 13 mars 2007 sur le site Internet www.africultures.com affirme que Sékou jouait de l’accordéon et de la guitare ; l’auteur n’a jamais recueilli aucun témoignage en ce sens.
324. Le directeur de la sûreté de Guinée, Espitalier, affirme même dans son rapport officiel hebdomadaire du 21 avril 1952 que Sékou doit se rendre le 9 mai suivant à Paris afin d’y épouser “prochainement” Raymonde Jonvaux. Pourtant, depuis plusieurs années déjà, Sékou a fait savoir à Raymonde Jonvaux, qui en restera très malheureuse mais se montrera compréhensive, qu’ils ne devaient pas se marier, d’abord en raison de l’opposition de ses proches, ensuite par suite de la difficulté d’expliquer cette union aux cadres et aux militants du PDG et enfin, “parce qu’en nous mariant”, “en renonçant donc à notre essence, nous n’éprouverons aucune joie à vivre parce qu’il nous manquera l’orgueil d etre restés ce que nous sommes”, lui avait-il écrit le 4 décembre 1948, démontrant lors de cette rupture habilement déguisée son art du sophisme dialectique. Sékou évoquera cette liaison dans une conversation avec le président Senghor lors de son voyage officiel au Sénégal en mai 1963. Il aurait affirmé qu’avant d’être élu député, il avait demandé en mariage la fille d’un responsable communiste français qui aurait refusé ; cette conversation, selon Senghor, s’inscrivait dans un contexte de critique par le leader guinéen du “racisme” des russes (télégramme n° 887-890 adressé le 17 mai 1963 à Paris par Lucien Paye, ambassadeur de France au Senegal. Dossier GU-5-2 dans les archives du Quai d’Orsay AL Afrique-Levant sous-série Guinée Politique intérieure).
325. En dehors de son atelier photo, Edmond Habkouk faisait également commerce d’articles de Paris, de bimbeloterie, de parfumerie et de timbres-poste.
326. Jeune Afrique Magazine, août 1986, interview recueillie par Francis Kpatindé.
327. Elle était la soeur d’Ibrahima Diallo, avocat, devenu inspecteur du travail lorsque après l’indépendance, certaines professions juridiques furent supprimées, et qui fut condamné à mort à l’occasion du “complot pro-français d’avril 1960”. Elle partira par la suite travailler à Addis Abéba. Elle avait la particularité de si bien connaître la pensée et le vocabulaire de Sékou Touré qu’elle pouvait terminer ses phrases après qu’il en ait dicté simplement les premiers mots.
328. Voir chapitre 52
329. Puis de son beau-frère Moussa Diakité, lorsque Sékou la délaissera peu à peu.
330. A cette époque, une jeune française, Annie Bonnet-Gonnet, est également speakerine à Radio Conakry. A la demande de Sékou Touré et de Keita Fodéba, Alassane Diop, chef de la chaîne régionale de Radio Dakar, se rend également à Conakry à la même époque pour y aider à la mise en place d’une station de radiodiffusion qui soit à la disposition du Conseil de gouvernement et du PDG. Après l’indépendance de la Guinée, bien que ressortissant sénégalais, il fera une brillante carrière ministérielle (Information, Postes et Télécommunications, Transports, etc.) jusqu’à son arrestation le 18 juin 1971. Libéré du Camp Boiro le 25 janvier 1980, il est retourné vivre à Dakar, mais est revenu régulièrement à Conakry, jusqu’à son décès à Dakar, le 15 juin 2003.
331. Nous la retrouverons à propos des relations entre Sékou Touré et Houphouët -Boigny. Voir notamment l’annexe au chapitre 46.
332. Après l’indépendance, en juillet 1959, Framoï Bérété sera nommé directeur du Comptoir guinéen du commerce extérieur (CGCE).
333. Voir chapitre 7
334. Sékou Touré, alors député français, et Thérèse Houphouët-Boigny auraient eu une brève mais intense liaison en 1956-57. Cette histoire se serait passée à Paris, où l’épouse d’Houphouët séjournait régulièrement avec son mari (rappelons que ce dernier était alors ministre du gouvernement français), tout en se rendant fréquemment en Tunisie où elle aurait entretenu d’autres liens (témoignage à l’auteur de Bruno Daoudal, à l’époque secrétaire du groupe parlementaire RDA, Paris, 14 janvier 2003 ). Édouard Bonnefous, ancien ministre et chancelier honoraire de l’Institut, complète cette histoire : alors qu’il était ministre des PTT dans le cabinet dirigé par Edgar Faure en 1955-56, ce dernier lui demanda soudain de faire l’intérim d’Houphouët-Boigny au ministère de la Santé publique, sans vouloir lui en donner les raisons. Bonnefous accepta, mais trouva que l’absence d’Houphouët était bien longue et lui donnait beaucoup de travail supplémentaire. Houphouët réapparut au bout d’un mois. Bonnefous apprit alors qu’il avait décidé de ne pas mettre les pieds à son bureau tant que sa femme — qui était partie à Venise avec un Italien — ne serait pas revenue au foyer ! (entretien d’Edouard Bonnefous avec l’auteur, Paris, 17 novembre 2004).
335. Selon certaines sources, elle aurait également travaillé ultérieurement à l’hôpital Ballay.
336. Conversation de Ahmadou Tidiane Traoré, fils du docteur Traoré, avec l’auteur, Paris, 22 juin 2002.
337. Il affirme dans une lettre écrite à Raymonde Jonvaux le 14 avril 1949 qu’il ne désire plus que “le divorce, auquel je tends par tous les moyens.” Il est vrai qu’à cette date, il est très amoureux de sa correspondante et nous avons vu qu’il songe à se marier avec elle ; la description de ses relations tendues avec sa femme guinéenne vise peut-être à faire patienter la jeune Française.
338. Agée de 16 ans à peine, Kaissa Kourouma a été mariée en premières noces à ce médecin du Service de santé colonial français, affecté à Macenta au début des années 30. Lors d’une fête nationale du 14 Juillet, Duplantier avait été séduit par cette jeune Guinéenne, qu’il avait ensuite demandée en mariage à sa famille. Très opposée à une telle union avec un blanc, celle-ci tenta de présenter une autre jeune fille au docteur, mais celui-ci étant fermement décidé, Fatouma Kourouma, la mère de Kaissa, s’enfuit avec celle-ci dans un village voisin. Menacé d’emprisonnement, l’oncle paternel de Kaissa, qui avait sa garde depuis le décès de son père, les obligea à revenir à Macenta, où le mariage eut finalement lieu. Le couple vivait dans le camp militaire de Macenta. Andrée est née en 1934, et a très probablement été reconnue par son père, encore que certains le contestent ; ainsi que c’était la coutume à l’époque pour la plupart des métis issus de “mariages coloniaux”, elle porta le nom de famille de sa mère, Kourouma. Au terme de son affectation en Guinée, en 1936, le Dr Duplantier confia l’éducation de sa toute petite fille à sa marraine Louise Rouvin, ainsi qu’à l’un de ses associés du nom de Thierno Madjou Bah, qui épousera alors Kaissa; de ce mariage naît Aissatou, dite Astouba, qui épousera le futur ministre Nfaly Sangaré. Après le décès de son second mari, Kaissa se marie en troisièmes noces avec Ibrahima Sory Keita, dont elle aura six enfants, dont Fatoumata, qui épousera le futur ministre Moussa Diakité. Le fils d’une précédente union d’Ibrahima Sory Keita est Seydou Keita, futur ambassadeur à Paris. Le Dr Duplantier aurait perdu la vie pendant la deuxième guerre mondiale. Louise Rouvin est restée très proche de sa filleule Andrée. Elles se sont revues pour la dernière fois en 1982, lors de la visite officielle de Sékou Touré en France. Louise Rouvin est décédée en France en 1985 sans avoir eu le soulagement de voir sa filleule libérée de le prison de Kindia. La mère de Madame Andrée résidait régulièrement à Conakry, où elle logeait dans la partie familiale du Palais présidentiel, mais elle ne participait pas à la vie officielle du couple présidentiel et préférait se retirer fréquemment à Macenta. Agée de plus de 80 ans, Kaïssa Kourouma est décédée en septembre 1997 à Dakar, où elle avait été transportée depuis la Guinée pour y subir des soins. Son corps sera rapatrié peu après à Macenta, où eurent lieu des obsèques familiales. Le président guinéen Lansana Conté, qui avait publié un communiqué officiel annonçant le décès, recevra Madame Andrée en audience. En 2002, Madame Andrée viendra s’installer dans l’ancienne villa Syli de Koléah (celle-là même qu’avait occupée Nkrumah pendant son exil), les biens familiaux lui seront restitués, cependant que les autorités procèdent à une véritable réhabilitation de Sékou Touré, à qui une retraite d’ancien chef d’État est même allouée, dont la réversion bénéficie à sa veuve.
339. Elle deviendra d’ailleurs Hadja après un pèlerinage à La Mecque en 1982. Elle fera en tout cinq pèlerinages aux Lieux Saints, notamment en 1990 et en 1998. A chaque fois, les rumeurs prétendront qu’elle allait prier sur la tombe de son époux (voir chapitre 89).
340. C’est son père qui la fera baptiser à Macenta peu après sa naissance, et c’est sans doute à Kankan qu’elle fera sa première communion (conversation avec Madame Andrée Touré, Dakar, 14 octobre 1998). Madame Andrée infirme ainsi le témoignage du père Chaverot, selon lequel, après avoir commencé ses études à l’école primaire de Kankan, elle les aurait poursuivies à l’Orphelinat catholique des métisses installé à Mamou ; le Père Le Douarin, curé de Mamou, lui aurait enseigné le catéchisme et l’aurait baptisée (entretien de l’auteur avec le père Michel Chaverot, 2 septembre 1998). Ensuite, elle poursuivra sa scolarité à Conakry.
341. Une lettre-circulaire est adressée par lui le 14 juin 1953 aux dirigeants syndicaux et aux dépositaires du journal L’Ouvrier pour annoncer son mariage ; mais il conclut “avec l’ardent désir de vous revoir bientôt pour qu’ensemble, solidement unis dans les rangs de l’Union des Syndicats Confédérés CGT de Guinée, nous poursuivions avec toujours plus de courage notre lutte pour l’accroissement progressif des droits des travailleurs et la sauvegarde de leurs intérêts et de leurs libertés.”
342. Le père Michel Chaverot se souvient que Sékou est venu le voir “en moto” pour lui demander d’intercéder auprès de l’Archevêque en faveur d’une dispense qui permettrait cette cérémonie religieuse, à laquelle semblait tenir la fiancée. Le père Chaverot lui répondit qu’il y avait peu de chance que Mgr Bernard lui accordât une telle dispense, sachant que Sékou ne ferait pas élever ses enfants dans la religion catholique, mais il lui conseilla néanmoins de plaider sa cause (entretien de l’auteur avec le père Chaverot, 2 septembre 1998). Mgr Michel Bernard, de la Congrégation du Saint-Esprit, fut vicaire apostolique de Conakry de 1950 à 1954. Le premier archevêque en titre fut Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, nommé en 1962.
343. Sur une photo prise au moment du mariage civil, on voit Sékou Touré vêtu d’un smoking, sa femme Andrée dans une élégante robe de dentelle décolletée aux côtés de la soeur de Sékou, Nounkoumba, de son mari Saïkou [Sékou] Chérif, et d’un ami, Lansana Sanokho, un syndicaliste cheminot malien.
344. Bien que Sékou montre en général beaucoup de courtoisie vis-à-vis des femmes, y compris de la sienne, il lui arrive de se montrer plus brutal ou discourtois. On a beaucoup parlé (mais sans témoins directs) de coups portés par Sékou lorsque Madame Andrée lui aurait un jour trop franchement “dit ses quatre vérités” à propos de sa politique, ce qu’elle se gardait en général de faire, défendant au contraire avec détermination l’action (et maintenant la mémoire) de son époux. Un témoignage cependant : celui de Philippe de Seynes, ancien chef de cabinet de Pierre Mendès-France, pendant de longues années secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires économiques et sociales, qui s’est rendu à plusieurs reprises en Guinée. “Le président me reçut seul dans son bureau… Il me tint un de ses discours cohérents et forts, sans interruption, d’une durée approximative de vingt minutes, qui était alors l’une des marques de fabrique des dirigeants communistes. Le but à peine voilé de ce discours était de m’imprégner d’un message pour Maurice Couve de Murville (alors Premier ministre français)… en vue d’une reprise honorable des relations. Le jour suivant, il y eut une grande soirée. Je me suis trouvé assis entre Sékou et Nkrumah alors en exil à Konakry. L’épouse du président était arrivée avec quelque retard et lorsqu’elle rejoignit notre groupe, je me levai naturellement pour la saluer. Le président saisit alors le bas de ma veste et me fit rasseoir. Il m’expliqua que ce genre de courtoisie n’était pas de mise dans son régime. Il avait en effet développé une politique systématique à l’égard des femmes. “L’homme ne sera jamais émancipé s’il ne se libère pas de la femme.” (lettre de Philippe de Seynes à l’auteur, 12 juillet 1988 ; Philippe de Seynes est décédé en 2003). L’auteur a été témoin de maints autres épisodes où Sékou s’est montré au contraire très courtois vis-à-vis des femmes ; ainsi, vis-àvis de la mère de l’auteur, qui était venue passer quelques semaines en Guinée en 1978.
345. Sa mère a en fait élever Andrée Kourouma dans la famille de Keita, son troisième mari, avec les six enfants nés de cette union. Il faut mentionner aussi la marraine de Madame Andrée, Louise Rouvin, une Française, amie du docteur Duplantier, dont le mari avait travaillé dans les Eaux et Forêts — on lui doit notamment la pinède de Dalaba.

Erratum. Les plantations de pins et de sapins de Dalaba faisaient partie du Jardin Chevalier, du nom de leur créateur, l’agronome Auguste Chevalier (1873-1956), qui introduisit aussi le café au Fuuta-Jalon entre 1920 et 1930. Les Editions ORSTOM ont publié en 1996 une étude intitulée Auguste Chevalier, savant colonial. Entre science et Empire, entre botanique et agronomie — T.S. Bah

[Il] avait ensuite installé une scierie en Guinée forestière ; Louise Rouvin joua un grand rôle dans l’éducation de la jeune fille ; sa marraine retourna en France au moment du mariage d’Andrée, mais celle-ci lui rendit visite lors d’un voyage qu’elle fit discrètement en France dans les années 60 (sans être accompagnée de Sékou Touré lui-même, bien entendu) et la revit encore, très âgée, lors de la visite officielle de Sékou en France en 1982. Louise Rouvin mourut en 1985.
346. Plusieurs rumeurs contradictoires couraient à Conakry, évidemment lancées par des adversaires : le couple aurait eu un premier fils avant même le mariage ; Madame Andrée aurait fait plusieurs fausses couches ; elle aurait choisi d’accoucher dans sa famille à Kankan, où elle s’était rendue une semaine avant la naissance, car Sékou n’en serait pas le père… Il faut évidemment ignorer ces ragots malveillants. Ce qui est certain en revanche, c’est que la présidente a consulté à plusieurs reprises des gynécologues réputés (ainsi en décembre 1959 à Prague et à Moscou) ; ceux-ci lui auraient affirmé que sa stérilité ne lui était pas imputable. Diagnostic à rapprocher de affirmation selon laquelle que Sékou avait contracté la syphilis (voir chapitre 6). Peu après la naissance de Mohamed, le couple adopte une petite fille, Mariam, chez laquelle Madame Andrée réside régulièrement lorsqu’elle se trouve à Dakar.
347. Mohamed Touré a épousé Denise Cros, une fille de Marcel Cros, qui fut plusieurs fois ministre après avoir été directeur général de la CBG (Compagnie des Bauxites de Guinée). Etabli à Dallas (États-Unis) comme homme d’affaires, Mohamed Touré a cinq enfants. Marcel Cros est décédé en 2002.
348. Marguerite Colle travaillera ultérieurement à l’Institut national de recherches et de documentation de Guinée (INRDG), section de l’Institut Français d’Afrique Noire (IF AN) où elle est enregistrée sous le nom de Ninie Gaye, née Margueritte (sic ?) Colle (information donnée par Mamadou Traoré Ray Autra, directeur de l’INRDG, dans un article sur l’histoire de l’Institut, paru dans Recherches Africaines, numéros 1,2 ,3 et 4 de 1964 ; information confirmée par le professeur Jean Suret-Canale). Elle décédera en décembre 1971 (en 1973 selon d’autres sources).
349. Sékou Touré répond aux voeux de la communauté chrétienne de Guinée, le 16 mai 1982.
350. Aminata Touré Camara a dirigé la publication Courrier Africain, magazine paraissant à Casablanca. Bien des années après la disparition du leader guinéen, François Mitterrand ordonnera que le jeune Ahmed soit inscrit au Lycée militaire d’Autun, comme le souhaitait sa mère (conversation avec Paulette Decraene, ancienne secrétaire personnelle de François Mitterrand, Dakar, 11 février 1998). Ahmed Camara a suivi la scolarité de ce Lycée militaire de 1994 à 1997 et y a obtenu son baccalauréat. Il a poursuivi ses études en Suisse.