Les valets de l’impérialisme

Histoire / Idéologie / Politique
Alpha Condé
Guinée : Albanie d’Afrique ou néo-colonie américaine ?

Paris. Editions Git le Coeur. 1972. 270 p.


Chapitre II. Les valets de l’impérialisme

A. — Résistance au colonisateur

Une partie de la féodalité s’est montrée hostile à la présence coloniale et s’y était opposée, les armes à la main. De ces résistants féodaux, deux figures principales se dégagent. Il s’agit de Samory, en pays malinké, de Bokar Biro-le-Grand, au Fouta. Si l’histoire a donné à Samory sa place de héros de la résistance à la domination coloniale et s’y est opposée, les armes à la main. De ces résistants cependant, un opposant farouche au colonialisme.

Par le traité du 14 juillet 1881, signé avec l’administrateur Bayol, les Almamys du Fouta plaçaient leur pays sous le protectorat de la France et autorisaient celle-ci, à l’exclusion des autres nations, à y établir des maisons de commerce. L’Almamy Bokar Biro, qui tenait farouchement à l’indépendance de son pays, ne tarda pas, dès sa montée sur le trône, à entrer en conflit avec le colonisateur. Les tentatives d’ingérence de la France dans les affaires intérieures du Fouta en furent l’occasion. L’Almamy engagea une longue lutte contre le colonisateur. Ce dernier, épaulé efficacement par une partie de la féodalité sous la direction de Sory Yillili, réussit à le vaincre. Après sa défaite, Bokar Biro fut assassiné par Sory Yilili qui fut nommé Almay Soriya par la France en 1897 (les fêtes de son couronnement furent présidées par le Gouverneur Général Chaudié assisté du Général Trentinian). Après la défaite de Bokar Biro, l’opposition au colonisateur fut menée par l’intelligentsia de l’aristocratie peule, les marabouts. L’administration coloniale engagea contre eux une action de liquidation. De multiples instructions furent données aux commandants de cercle qui leur enjoignaient « l’impérieuse obligation » de surveiller et d’arrêter dans leurs opérations, « les individus qui voient surtout dans l’Islam un instrument politique ou une source de bénéfices immoraux ». Ceci n’était qu’un prétexte. En vérité, le colonisateur constatait que la propagande des marabouts devenait chaque jour « plus ambitieuse, plus souple, et mieux armée, grâce aux ressources qu’elle emprunte à la civilisation moderne ». Divers imprimés en langue arabe et des images avaient été introduits surtout par les Syriens et les Marocains. Ces imprimés et images constituaient un instrument panislamique autrement plus puissant que les copies, les lettres colportées dans les villages qui, seules jusque-là, avaient mis les musulmans guinéens en rapport avec les coreligionnaires arabes.
Les mesures à prendre à leur égard, furent exposées notamment dans la lettre du gouverneur général Roume du mois de février 1906 et dans la circulaire locale de septembre 1907. Elles furent complétées et précisées plus tard. Il ressortait de ces mesures que les administrateurs commandants de cercles devaient déférer pour escroquerie, devant les tribunaux indigènes, tout marabout qui, sous prétexte de religion, soutirerait des biens à ses congénères. Ces mesures directes prises contre les marabouts, propagandistes devaient, pour assurer la surveillance du mouvement islamique, être complétées par la tenue d’une fiche de contrôle ; prévue dès 1906 et 1907 par les lettres et les circulaires du gouvernement général, cette fiche devait comprendre les marabouts nomades ou quêteurs ainsi que les principaux Karamokos notables, anciens chefs qui, « par leur fanatisme, leur ascendant personnel, leurs relations étendues, leur renom de science et de piété, leur habileté politique, leur ambition et leur hostilité », étaient susceptibles d’exercer, sur leurs coreligionnaires, une action puissante et dévaforable à l’influence française. Enfin, indépendamment des bulletins de renseignements que les commandants devaient fournir sur tous les Karamokos de leur cercle, ils devaient établir aussi des fiches individuelles spéciales et plus détaillées pour les personnages les plus agissants de la politique musulmane et « anti-française » :

Beaucoup d’attention et de vigilance sont nécessaires pour discerner le véritable caractère et l’importance réelle des meneurs à surveiller. Vous vous rappellerez que les plus dangereux sont passés maîtres dans l’art de cacher, sous un masque obséquieux, les sentiments les plus hostiles et que, d’autre part, leur rôle et leur personnalité se dissimulent et s’atténuent facilement par la complexité des milieux fanatiques dans lesquels ils opèrent

En 1911, prenant prétexte de l’assassinat du commandant Bastié (qui avait été tué par ses porteurs, las de ses brimades et exactions), l’administration décida d’éliminer quelques marabouts influents. Elle inventa alors de toutes pièces, un complot maraboutique et en profita pour procéder à l’arrestation du Ouali de Gomba et du chef spirituel de Touba

B. — Collaboration et soumission au colonisateur

Si une fraction de la féodalité peule s’était opposée à la domination française sous la direction de Bokar Biro-le-grand, ce ne fut pas le cas pour la grande majorité. Alpha Yaya fut le prototype de ces féodaux félons qui, choisissant leurs intérêts égoïstes de classe, n’hésitèrent pas à se faire les collaborateurs zélés de la domination coloniale. De représentants des masses guinéennes, ces chefs devinrent de fidèles valets du colonisateur. Préoccupés uniquement par leurs intérêts de classe, ils abdiquèrent devant le colonisateur et se mirent à son service. En retour, ce dernier leur assura une situation matérielle confortable. Devenus des collaborateurs indispensables et irremplacables de l’administration coloniale, ils virent leurs pouvoirs se reniorcer progressivement. Mais, de traditionnelle, la chefferie n’avait plus que le nom, elle était devenue une chefferie administrative.
Avec la guerre, l’importance des chefs grandit encore davantage. En effet, la nécessité, surtout à partir de 1942, de fournir aux « alliés les matières premières nécessaires, « l’effort de guerre», amenèrent le colonisateur à s’en remettre encore davantage à la chefferie pour imposer d’immenses sacrifices aux populations. Il remplaça les vieux chefs, soit par leur fils ou proches parents, soit par des agents de l’administration car il avait besoin de chefs énergiques.
En même temps, il tenta de recréer l’ancienne structure de commandement du Fouta, en la vidant de tout son contenu véritable. Pour cela, il choisit Ibrahima Sory Dara. Ce dernier était né à Dara en 1887. Il avait succédé à son père Alpha Oumarou Barry comme chef de canton de Timbo à la suite de la démission de celui-ci en 1926. Devenu chef de canton de Mamou en 1934, après le décès de l’Almamy Mody, chef spirituel du Fouta, il fut remplacé par son frère Mody Oury à Timbo. En 1939, à la mort de ce dernier, il cumula le commandement des deux cantons (Timbo et Mamou). Il fut nommé le 8 janvier 1943 « chef supérieur du Fouta », poste créé à son intention avec un traitement de 200.000 francs par an. Il fut délégué de la Moyenne Guinée au Conseil d’Administration de la Guinée. Ce chef fut le prototype même du collaborateur. Le colonisateur utilisa à fond son influence et son prestige, dus à son « origine, sa grande piété, sa dignité et sagesse ». Pour le colonisateur :

son loyalisme et son dévouement ne se son jamais démentis… (il) a coopéré avec fruit à l’effort de guerre, s’est dépensé activement pour la mobilisation des années 1939-1940… (il) a apporté son assistance intelligente à l’administration…

En conséquence, il reçut de multiples décorations. Il fut nommé chevalier de l’ordre de l’étoile d’Anjouan par décret du 21 janvier 1944 ; proposé à la légion d’honneur en 1942 et pour le pélérinage à la Mecque en 1944.

C. — Oppression des masses populaires

L’aristocratie avait participé allègrement à l’entreprise d’exploitation et d’oppression des masses guinéennes. Lorsque l’administration réclamait, dans le cadre des fournitures obligatoires, cinq kilos de tel ou tel produit par personne le chef en exigeait sept ou huit et empochait la différence. Les chefs participaient activement, avec le colonisateur, à l’oppression et à l’exploitation des masses paysannes ; ce fut avec leur concours que s’instaura la nuit coloniale. La période de « l’effort de guerre» (1942-1945) fut pour eux une véritable aubaine : ils organisèrent légalement les rapines et le pillage systématique des pauvres paysans. Un moment ébranlés par les révoltes paysannes en 1945-1946, ils reprirent du poil de la bête à partir de 1948 et reprirent vol, pillage et exactions. Citons quelques prototypes :

  • Thierno Mamadou Saliou Diallo, chef du canton de Yambering. Ses méfaits étaient tels qu’un scandale éclata en 1950. L’administration et la féodalité peul tentèrent d’étouffer l’affaire.
    L’administration s’en mêle et les féodaux se mettent sur pied de guerre pour essayer d’étouffer les plaintes des milliers d’individus qui veulent en finir avec leurs tortionnaires. C’est la sainte alliance de l’administration coloniale et du gang des chefs de cantons rapaces et pillards pour maintenir un état de fait qui réduit près d’un millions d’hommes aux affres de la plus féroce et de la plus impitoyable des oppressions, à une inqualifiable exploitation qui en fait des néo-taillables et corvéables à merci
    Le chef spirituel du Fouta, l’Almamy de Mamou se distingua particulièrement dans la défense de la « clique des chefs féodaux ».
  • L’Almamy El Hadj Ibrahima Sory Dara Barry, commandeur de la légion d’honneur, chef supérieur du Fouta, « qui, au mépris de ses titres religieux et autres, mena la barque, la vieille barque réactionnaire… Sory Dara a la conscience bien tranquille. Et aujourd’hui, parce que des malheureux qui en ont assez se sont plaints et demandent justice contre le bourreau, il s’émeut, sa conscience se trouble. Après un voyage éclair à Dakar pour tenter d’étouffer l’affaire, Dara « porte-drapeau de la féodalité exploiteuse », décida de tenir à Yambering une réunion de tous les chefs foulas, afin d’amadouer la population et de l’amener à retirer les plaintes. Là, il « invoqua Dieu et la lignée des prophètes comme si les hommes de sa classe connaissaient Dieu ». Ce zèle n’était pas pour étonner car qui compte avant tout pour le grand féodal, c’est la défense des intérêts de sa classe et le reste, religion, morale n’est qu’accessoire qu’on étrangle au besoin pour sauvegarder le matériel
  • Diallo Alpha Bokar le « tyran de Bowé Leymayo » ; (cercle de Gaoual), le « dieu de Bowé »

Si le Fouta était la « citadelle d’une féroce réaction menée par une clique de chefs féodaux », les chefs des autres régions faisaient de leur mieux pour l’égaler. En Basse Guinée, les pires parmi les chefs étaient ceux du canton de Labaya, Almamy Daouda, du canton de Correra, Almamy Amirou Camara. Dans la région forestière, les vols et pillage de Koly Kourouma, chef de canton de N’Zérékoré l’avaient rendu célèbre.

Il serait intéressant de savoir combien Koly, conseiller général, qui, après 5 ans de chefferie (1945-1950) a acheté des camions, construit boutique valant au moins 500.000 francs

A l’oppression et à l’exploitation venaient s’ajouter les crimes rituels dans la région forestière et la Haute-Guinée.

Elle se compose de fonctionnaires et d’employés du privé. Les fonctionnaires se répartissent en quatre catégories :

  • une couche supérieure formée par les anciens élèves de l’Ecole normale William Ponty (médecins, vétérinaires, instituteurs, commis principaux) ; ce sont les cadres supérieurs
  • une couche moyenne formée par les fonctionnaires du cadre local diplômés de l’Ecole primaire supérieure (E.P.S.)
  • une couche inférieure, les certifiés (certificat d’études primaires)
  • la dernière catégorie, formée par les gardes et les plantons illettrés.

Entre ces quatre catégories, il n’existe pas de solidarité. L’administration coloniale s’acharne à maintenir des barrières entre elles. Mais elles ont toutes un point commun, leur servilité à l’égard de l’Etat colonial. Celle-ci est d’autant plus poussée qu’on remonte les catégories. Servilité à l’égard du colonisateur et mépris des masses sont le fondement de leur comportement. Pour un ancien de « Ponty » c’est déchoir que de frayer avec un fonctionnaire du cadre local, simplement diplomé de l’EPS, à plus forte raison avec un simple commis ou infirmier n’ayant que le certificat d’études. De même, ce dernier ne s’abaisse pas à fréquenter des gardes ou des plantons illetrés. A. Moumouni, a éloquemment décrit le comportement servile de ces fonctionnaires « zélés » et satisfaits de leur sort. Les conditions matérielles et la position sociale qui leur sont faites, ont celles de privilégiés par rapport à l’immense majorité des populations africaines.
Ces fonctionnaires, aussi zélés que soumis, se comportent généralement avec autant de bassesse et d’obséquiosité envers le « blanc » que d’arrogance, de mépris et de cupidité envers leurs compatriotes africains. Ils sont dressés à l’acceptation pleine et entière, à la défense et à la prorogation des mythes de la « supériorité » du « blanc », de l’incapacité et de « l’infériorité congénitale » du « noir ». Ils sont d’autant plus choyés qu’ils sont « loyaux » et de « bon esprit » et réciproquement. Ils portent alors non sans orgueil, le titre envié de « mousé », de « bouche du commandant », de « détenteur de la parole », de « détenteur de l’écriture », et bien d’autres appellations aussi diverses que suggestives. Beaucoup épousent à tel point la cause des oppresseurs de leur peuple, qu’ils n’arrivent plus à concevoir d’avenir pour leur pays en dehors de la soumission servile au joug du régime colonial. Moumouni attribue notamment ce comportement plus l’inconscience totale de la situation, du rôle qui sont les leurs au sein de la société coloniale, qu’à une conduite réfléchie ou raisonnée.

Assurés du « manger » et du « boire » en échange d’une loyauté et d’une docilité envers les maîtres puissants de l’heure, ils sont limités dans leur compréhension des événements et des faits politiques, économiques et sociaux par leur position et une déformation découlant des méthodes et du contenu de l’enseignement colonial. Ces fonctionnaires indigènes de l’administration coloniale se livrent, à l’exemple de leurs supérieurs européens, aux « jouissances » de la vie coloniale avec une mentalité de parvenus. Les manifestations matérielles et spirituelles de la société capitaliste moderne ne font à leurs yeux que confirmer la « supériorité » du « blanc ». Celle-ci a comme pendant inséparable, « l’infériorité » et « l’incapacité » du « noir » et une prétendue fatalité de la domination des peuples africains par l’impérialisme européen. Il n’est donc pas étonnant que toute trace de confiance en leur peuple soit inexistante dans la conscience de la grande majorité d’entre eux, ni même qu’ils aient doublement contribué à démobiliser les masses africaines d’une part du fait de leur existence et de leur comportement, d’autre part en raison de leur rôle actif (rôle auquel ils ont été si minutieusement préparés dans la propagation, au sein des masses africaines, de tous les mythes, de tous les mensonges de la propagande idéologique du colonialisme

Cette nouvelle classe née de la colonisation, joue donc à la perfection le rôle qui lui est dévolu. Elle constitue un des piliers de l’administration coloniale. Cette petite bourgeoisie participe à l’exploitation des masses populaires, surtout au Fouta et dans la région f~restière. Dépourvue de tout esprit de contestation et encore plus de tout esprit nationaliste, elle se vautre dans son rôle d’agent zélé au moment même où dans des pays comme le Dahomey ses collègues organisent la contestation. Cependant une scission s’opère au sein de cette petite bourgeoisie après la deuxième guerre mondiale. Une fraction, formant l’aile progressiste, rejoint les masses et prend la direction de leur lutte. L’autre fraction continue la tradition de servilité à l’égard du colonisateur. Les éléments de cette aile réactionnaire se regroupent dans « L’Union franco-guinéenne » du député Yacine Diallo et le « Comité d’entente Guinéenne » de Barry Diawadou. “L’Union franco-guinéenne vise à grouper dans un sentiment d’union fraternelle tous les éléments saints, blancs et noirs, s’intéressant au bien être de l’humanité et en particulier aux problèmes de l’Union Francaise et de la Guinée notamment.” Elle s’appuie sur la grande majorité de la chefferie dirigée par l’Almamy de Mamou et bénéficie du soutien du gouverneur général Béchard, du parti SFIO.

Le « Comité d’Entente Guinéenne » s’allie à la fraction la plus rétrograde de la chefferie dirigée par l’Almamy de Dabola ; il s’appuie sur l’administration coloniale et se fait le défenseur servile du gouverneur Roland Pré. Son action est orientée essentiellement vers la satisfaction des intérêts des milieux ultra-colonialistes. Il défend le régionalisme, l’administration coloniale, la chefferie et combat le R.D.A. :

  1. Selon l’article 7 de ses statuts, un des buts du comité est le renforcement des groupes régionaux et la consolidation de leurs liens de fraternité. Ce renforcement est nécessaire car le régionalisme ne « date pas d’aujourd’hui et subsistera en Guinée où on n’a pas besoin d’une patrie sans frontière et où on tient à ce legs du passé qui est la moralité essentielle de la civilisation, et à l’honneur de la famille qui est un précieux trésor pour les biens nés ».
    La défense du régionalisme n’est en fait rien d’autre que la défense des ambitions personnelles. Elle permet aux personnalités dirigeantes des différents groupements de se créer des zones d’influnce, de se répartir les sièges au conseil territorial et au parlement français. Mais, en même temps, cette politique sert admirablement l’administration coloniale qui trouve son intérêt dans cette division du peuple m’,inéen à partir de considérations ethniques.
  2. La collaboration intime avec celle-ci est érigée en principe par le Comité d’Entente Guinéenne qui glorifie « l’oeuvre civilisatrice » et les « bienfaits » de la colonisation. Il repproche au RDA, qui dénonce les méfaits du colonialisme, son « ingratitude » son oubli des « bienfaits » et des « réalisations » de la France.

Quand ils disent (le P.D.G.) que la France ne fait rien en Outre-Mer, ils manquent par là gravement de respect à l’œuvre civilisatrice des Lyautey, Brazza, Galliéni, Binger, Faidherbe et beaucoup d’autres qui, des revers de 1870, surent donner à la France un vaste empire colonial lequel, avec le territoire de la Métropole, forme aujourd’hui, l’Union Française dont nous sommes fiers de la qualité de citoyens

L’Entente présente la colonisation comme le sauveur de l’Afrique dont le progrès est lié à la pérennité de la présence coloniale. Aussi se propose-t-elle d’appuyer de sa « collaboration royale et entière » les éléments blancs acquis aux idées d’Union Française et :

dont la présence sur notre sol et le concours éclairé constituent une garantie certaine de l’évolution et de la modernisation de ce pays.

Elle concrétise cette politique en apportant un soutien aveugle à l’administration de Roland Pré, en butte aux attaques du RDA et de Yacine Diallo.

  1. Lutte contre le RDA. Dès sa création l’Entente annonce dans son manifeste sa volonté de combattre « les démagogues et les agitateurs ennemis de la paix, de l’ordre social et du progrès», c’est-à-dire le Rassemblement Démocratique Africain. Ce dernier est qualifié de « rassemblement des démagogues africains », et accusé de créer en Guinée, avec son « néo-facisme léniniste stalinien » un climat de rancoeur et de méfiance entre métropolitains et africains ». Ses dirigeants sont traités d’agents du Komintern dont le rôle en cas de conflit entre l’URSS et les puissances occidentales serait de tout mettre en œuvre pour « briser en Afrique l’effort de guerre allié ». Cette accusation est portée par Barry Diawadou, chef de file de l’Entente dans le premier numéro du journal « Voix de Guinée ».
  2. Défense de la chefferie. Au congrès de l’Union Forestière, sur soixante-quinze « personnalités marquantes et notabilités », on compte plus de trente chefs de canton (en fait tous les chefs de canton de la région), un fils de chef, deux représentants de chefs.

Notes
1. Gouverneur général Roume, février 1906, lettre au gouverneur.
. Rapport politique, 1945.
. Coup de Bambou. no 11, 26 avril 1950.
. Coup de Bambou, id.
. Liberté, 18 janvie7 1955.
. A. Moumouni. L’Education en Afrique. Ed. Maspéro, p. 61-62.
. La Voix de la Guinée.