webGuinée/Bibliotheèque
Ethnographie
Monique de Lestrange
Assistante au Musée de l’Homme, Paris
Les Coniagui et les Bassari (Guinée française)
Presses Universitaires de France. 1955. 83 pages.
Chapitre II
Renseignements linguistiques
Les langues Coniagui et Bassari, proches l’une de l’autre, ont été rangées par Delafosse dans son groupe Sénégalo-Guinéen, par Greenberg, dans le sous-groupe Ouest-Atlantique de son groupe Niger-Congo et par Westermann, dans son groupe Ouest-Atlantique. Ces trois auteurs classent le Coniagui et le Bassari dans le même groupe linguistique africain que le Peul, le Ouolof, le Dyola et le Serer. Coniagui et Bassari sont deux langues très mal connues . En ce qui concerne le vocabulaire, quelques mots sont cités par Migeod (pour le Coniagui), Arcin (mots recueillis par Rançon), Aubert (pour le Bassari), Delacour, Técher, Maupoil — mais seuls Aubert et Maupoil ont réellement abordé la syntaxe (les notes de Maupoil à ce sujet sont malheureusement presque inutilisables).
Le nombre de Coniagui et de Bassari apprenant le Français, à l’école (cf. p. 74) ou au régiment, croît. Les Coniagui qui vont à l’école chez les Missionnaires à Urus, apprennent le plus souvent le Bassari de leurs camarades, et vice versa. A l’école administrative de Youkounkoun, les élèves ont l’occasion d’apprendre plusieurs langues, étant donnée l’étonnante variété de populations et de langues de la subdivision de Youkounkoun. Un enfant Coniagui ou Bassari arrive à l’école de Youkounkoun vers 7 ans. Deux ou trois ans plus tard, il n’est pas rare qu’il sache plus ou moins bien (en plus de sa langue maternelle), au moins le français et le fula — dialecte peul du Fouta-Djalon. Mais, ni le français, ni le fula ne peuvent être considérés comme langue véhiculaire chez les Coniagui. Le pays Bassari touchant à celui des Fula, les échanges entre ces deux populations se font en fula, car les Bassari savent plus souvent le fula que les Fula le bassari.
Tout ce qui précède concerne les hommes. Chez les Bassari, quelques filles savent le fula, et aussi chez les Coniagui, car les filles vont souvent au Badyar commercer avec les Fulakunda — mais, on peut dire que dans l’ensemble, les femmes Coniagui, ou Bassari, ne savent que leur propre langue. Il y a bien des filles Coniagui ou Bassari qui vont à l’école française : mais les hommes n’aiment pas qu’ensuite elles continuent à parler français et elles oublient vite ce qu’elles en ont su ; ceci est d’ailleurs en train de changer.
Note
1. Nous avons personnellement récolté un vocabulaire Coniagui de plut de 3.000 mots et l’équivalent Bassari de la plupart de ces mots. Nous avons aussi recueilli et enregistré des textes, surtout Coniagui. Nous publierons prochainement ces documents.