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Ethnographie
Monique de Lestrange
Assistante au Musée de l’Homme, Paris
Les Coniagui et les Bassari (Guinée française)
Presses Universitaires de France. 1955. 83 pages.
Chapitre VI
Principaux traits culturels
I. — Caractéristiques physiques
Du point de vue anthropométrique, 400 Coniagui (200 hommes et 200 femmes) et 223 Bassari (128 hommes et 95 femmes) ont été étudiés par nous-même . Coniagui et Bassari sont dolichocéphales, mésoprosopes, platyrhiniens, de stature sur-moyenne, avec le buste court et les jambes longues. Ils appartiennent donc au groupe anthropologique des noirs de la savane, caractérisés par une haute taille et des jambes longues, un crâne dolichocéphale, un nez saillant et relativement étroit. Mais à les comparer à d’autres noirs de la savane — aux Ouolof par exemple, dont la stature est plus élevée et le nez plus large — on peut peut-être considérer, avec Richard Molard, que les Coniagui et les Bassari se rapprochent d’un type « Vieux Soudanais », plutôt que du véritable type « campestre », « Néo-Soudanais » classique.
Les Coniagui sont plus grands (1 m. 69) que les Bassari (1 m. 64) et plus dolichocéphales, ils ont le front plus étroit, la face plus large et plus courte, la mâchoire plus forte par rapport au diamètre bizygomatique, les yeux moins rapprochés, le nez plus mince, les lèvres plus épaisses et les jambes plus longues. Les deux groupes ont les contours du visage nettement dessinés, surtout les Coniagui au frontal étroit.
Coniagui et Bassari, comparés à d’autres groupes de noirs, semblent en assez bonne forme physique, ils sont le plus souvent robustes et résistants. Mais leur physiologie et leur pathologie n’ont à peu près pas été étudiées . Chez 203 Coniagui-Bassari, les pourcentages de groupes sanguins ABO suivants ont été trouvés :
- AB — 4 %
- A — 22 %
- B — 32 %
- O — 40 %
Les maladies vénériennes sont d’importation récente et encore rares, la tuberculose pratiquement inconnue mais la trypanosomiase, la méningite cérébro-spinale, le pian, la lèpre et bien entendu le paludisme, existent dans les deux populations et les ulcères phagédéniques sont fréquents, en particulier chez les femmes Coniagui.
II.—Habillement et parure
Il semble que l’habillement, très sommaire, était autrefois plus semblable chez les Bassari et Coniagui qu’il ne l’est aujourd’hui, où les Coniagui portent de plus en plus d’étoffes. Traditionnellement, les hommes sont vêtus d’un étui pénien (ipog) de feuilles de rônier tressées et d’un triangle de peau d’antilope sur les fesses pour les adultes, ou d’une ceinture couvre-fesses de ficelle (chez les Coniagui), ou de cuir (chez les Bassari), pour les jeunes garçons. Les femmes ne portaient, autrefois, qu’un cache-sexe d’écorce chez les Coniagui, de bandes de coton retombant devant et derrière en un court et étroit tablier brodé de perles chez les Bassari. Mais presque toutes les femmes Coniagui portent aujourd’hui un court pagne de bandes de coton indigo et les femmes Bassari, lorsqu’elles descendent de leurs montagnes, mettent le plus souvent un long pagne bleu.
Mais de plus en plus, Coniagui et Bassari apprécient les étoffes : les courtes culottes sont maintenant fréquentes chez les hommes et les mouchoirs, les pagnes et même les camisoles multicolores commencent à se répandre chez les femmes.
Les bijoux, nombreux, strictement réglementés par la mode et l’âge, comprennent, pour les hommes et les femmes, des perles le plus souvent aujourd’hui jaunes et bleues, portées en colliers, en bracelets, en ceintures, etc., des bracelets, des « médailles de nez » et des boucles d’oreille d’aluminium chez les Coniagui, des piquants de porc-épic dans le nez, de fines perles en bandeau frontal et des cercles de cuivre ou d’aluminium au cou, à la taille, aux poignets et aux chevilles, chez les Bassari.
Tout ce qui précède concerne le vêtement de tous les jours. Costumes et parures de fêtes sont aussi variés que riches : ils sont faits de fibres de cotonnades, de perles de verre, de graines, de métal, de plumes, de peaux, etc.
III. — Coiffure
La coiffure est semblable chez les hommes et les femmes Coniagui et Bassari (fig. 8). Les enfants ont les cheveux rasés, vers 12 ans ils laissent pousser leurs cheveux sur le dessus de la tête pour pouvoir ensuite les natter. Les côtés restent rasés. Quelquefois, les jeunes gens se font des nattes transversales et parallèles sur le dessus de la tête, mais le plus souvent, hommes et femmes ont les cheveux séparés par une raie médiane et tressés en une natte sur le dessus de la tête, du front au cou. Les cheveux des côtés sont réunis en deux ou quatre petites nattes verticales ou en une fine natte circulaire, au-dessus d’une certaine ligne au-dessus de laquelle les cheveux sont rasés. Ces « nattes » sont faites de courtes mèches ramenées vers le milieu, croisées deux à deux, elles se terminent par une « queue » libre nattée, de 5 à 6 cm. Ainsi coiffée, la tête paraît étroite, haute et longue, surmontée d’une sorte de crête. Parfois, pour grossir cette crête, elle est tressée sur un postiche, et l’arête en est cloutée de cuivre (chez les Bassari). Coniagui et Bassari souhaitent avoir les cheveux le plus long possible et d’un beau noir.
L’importance symbolique de la coiffure en crête des Coniagui et des Bassari est très grande. Une figuration de cette coiffure décore le faîte des cases de dyarar Coniagui, constitue la poupée que portent les filles pendant la fête de l’excision, décore de nombreux objets (manche de couteau par exemple): on peut dire que cette coiffure symbolise la personne humaine tout entière, qu’elle est cette personne. Transformé en cimier empanaché chez les Bassari, amplifié en un immense cimier-crête de coq au jour de la fête de l’initiation Coniagui, ce motif coiffe les jeunes danseurs, symboles de la puissance et de la beauté. Une enquête sur le symbolisme de la coiffure en crête paraît indispensable à la compréhension des Coniagui et des Bassari.
Fig. 8. — Coiffure et tatouages faciaux des Coniagui (La coiffure est la même chez les Coniagui et les Bassari)
IV. — Tatouages et mutilations
Sur le front et les joues, les Coniagui se font souvent tatouer (par incisions) de petits dessins figurant le plus souvent des lignes brisées, des rangées de petits traits parallèles, des croix, des étoiles ou « la patte du coq » (fig. 8).
Les femmes Coniagui ont le ventre tatoué en relief. Vers 10 ans, on commence à les marquer d’un petit cercle de points autour du nombril; peu à peu, le tatouage grandit pour être terminé à l’excision, couvrant alors le ventre d’un grand cercle qui se prolonge entre les seins par une colonne qui s’élargit sur la poitrine en une bande horizontale elle-même souvent terminée par deux bandes perpendiculaires verticales (fig. 9).
Tatouage de femme Coniagui
Ces tatouages sont faits, généralement, par une vieille femme qui soulève la peau à l’aide d’une épine enfoncée en biais et la tranche au-dessus de l’épine avec un couteau.
La seule mutilation dentaire est le limage en pointe des incisives supérieures, pratiquée par le forgeron sur quelques hommes, surtout Bassari.
V. — Caractéristiques mentales.
Les vertus et les vices des Coniagui et des Bassari ont été décrits par divers auteurs, les anciens trouvant généralement à ces indigènes tous les vices et les modernes toutes les vertus. Une remarque de Delacour (p. 374) nous semble cependant comporter une part de vérité :
Le noir fait, en général, une vertu de l’hospitalité ; c’est une coutume à laquelle les Tenda font exception. Pour eux, tout étranger est, sinon un ennemi, tout au moins un être dont il faut se méfier… on cherche … à s’en débarrasser le plus rapidement possible. » Isolés, refoulés par les groupes plus nombreux qui les entourent, les Coniagui et les Bassari ne sauraient, en effet, avoir pour les étrangers que méfiance — c’est là de l’élémentaire prudence. Mais cette méfiance explique peut-être en partie le manque de compréhension dont les étrangers, blancs et noirs, ont fait et font encore preuve à leur égard Aussi faut-il savoir gré à Maupoil d’avoir rompu avec une certaine tradition, en reconnaissant aux Coniagui et aux Bassari une complexité psychologique, affective en particulier, qui ne le cède en rien à celle dont se targuent les Européens occidentaux.
Mais il faut reconnaître que les « caractéristiques mentales » Coniagui et Bassari sont mal connues et que leur appréciation est généralement entachée de parti pris.
Mlle Barbé a examiné quelques écoliers Coniagui et Bassari et a comparé les résultats obtenus chez eux à ceux d’autres groupes noirs d’A.O.F. Il lui a semblé que les résultats des Coniagui étaient nettement inférieurs « dans les tests de mémoire concrète comme dans les tests d’intelligence ». Mais le nombre de cas (moins d’une dizaine de Coniagui et de Bassari semble-t-il) est trop faible pour accorder un grand crédit à ces résultats, si tant est que les méthodes utilisées — examen psychologique de Piéron (examen réduit comportant un test de barrage, un test de mémoire concrète et un test d’imagination), test mosaïque de Gille et tests psychotechniques — soient valables pour l’étude d’un tel groupe humain.
Hier encore guerriers invaincus, les Coniagui n’ont plus, aujourd’hui, l’occasion de se battre. Peut-être ceci explique-t-il, en partie, la mollesse, l’indifférence que les vieux reprochent aujourd’hui aux jeunes : « autrefois, disent-ils, nous chassions dans la brousse et ramenions de la viande, autrefois, nous défendions nos villages jour et nuit contre les étrangers et les magiciens, aujourd’hui, vous passez directement du lait de votre mère au ventre des femmes : vous ne savez user vos forces autrement » …
Remarquons à la décharge des jeunes générations que la loi française fait régner la paix et que le gibier se fait rare : les lourdes frondes de guerre et les flèches rapides ne peuvent plus atteindre que quelque singe voleur… Certaines traditions combatives demeurent vivantes, celle par exemple des luttes de village à village Coniagui qui allaient autrefois jusqu’à la capture de prisonniers . Un des plus grands villages est encore surveillé chaque nuit par des sentinelles. Nul ne s’aventure d’ailleurs la nuit hors de son propre village sans armes : les lourds sabres de bois Coniagui sont plus dangereux qu’on pourrait le croire… Les jeunes initiés de villages différents n’ont pas perdu l’habitude de se battre : les blessés sont encore parfois nombreux de part et d’autre qui, au lendemain de la bataille, vont se faire soigner au dispensaire de Youkounkoun.
Actuellement, au contact d’autres noirs qui les méprisent à cause de leur costume, Coniagui et Bassari sont tout prêts à développer un complexe d’infériorité qui ferait des fiers Coniagui et Bassari de pauvres êtres honteux d’être ce qu’ils sont. Souhaitons-leur de conserver conscience de leur propre valeur.
VI. — Vie et mœurs : coutumes relatives à la naissance au mariage et à l’enterrement
L’enfant
Attitudes durant la grossesse. — Chez les Coniagui, quand une femme mariée attend un enfant, son mari et elle en sont heureux : ils souhaitent avoir beaucoup d’enfants, parce que les enfants aident à travailler (en particulier à garder les champs) et donc à acquérir des richesses, et parce qu’il est triste de ne pas avoir d’enfant.
Quand une fille non mariée attend un enfant, elle est mécontente parce que cela va hâter son mariage, qui terminera la période de sa vie la plus agréable. L’homme au contraire, toujours pressé de se marier, est très content.
Les jeunes filles non excisées que la coutume n’autorise pas à avoir de rapports sexuels, se font avorter, et aussi, souvent, les filles excisées mais non mariées : différents procédés, chimiques et mécaniques, sont employés : la femme enceinte boit des médicaments à base de plantes ou bien se fait pilonner le ventre.
Si une femme est stérile ou avorte à plusieurs reprises (avortements non provoqués), elle cherche à se soustraire à l’influence néfaste à laquelle elle est soumise (elle va parfois jusqu’à changer de village), à fléchir le génie par l’intermédiaire duquel quelqu’un a provoqué ses avortements, à se concilier les anonkwol de sa famille et à leur demander pardon pour les fautes qu’elle a pu commettre. Pour cela, la femme consulte les devins et offre des sacrifices
La femme enceinte change peu sa vie et ne cesse d’avoir des rapports sexuels que vers la fin de sa grossesse.
Naissance. — La femme accouche aidée de sa mère et de parentes ou d’amies. Il n’y a pas de sages-femmes spécialisées. La femme est agenouillée, sur son lit, dans sa case, inclinée en avant et appuyée sur les mains. Le cordon est coupé avec un couteau emprunté à un homme, le placenta est enterré à l’entrée de la case.
Lorsque le cordon tombe, on rase les cheveux de l’enfant à la mode Coniagui et l’enfant et sa mère sortent pour la première fois après un sacrifice appelé nhabata au cours duquel on fait boire à l’enfant quelques gouttes de bière de mil. La femme recommence peu à peu à vaquer à ses occupations. Le père donne à la femme un pagne dans lequel elle portera l’enfant.
En cas de naissance gémellaire, les Coniagui tuent le jumeau né le second si les deux enfants sont de même sexe et la fille s’ils sont de sexes différents : on considère que, si l’on garde les deux enfants, la mère mourra. Les Bassari conservent les deux jumeaux.
Allaitement. — Dès le jour de sa naissance, l’enfant est allaité par une femme autre que sa mère en attendant la montée de lait de celle-ci, puis par sa mère pendant deux ou trois ans : la femme qui allaite ne doit pas avoir de rapports sexuels avec son mari.
Sevrage. — Quand l’enfant se traîne sur les genoux, on commence à lui donner, en plus du lait maternel, un peu de riz ou de fonio cuit à l’eau en soupe liquide. Quand l’enfant marche, on le sèvre et la femme reprend ses relations sexuelles . Peu à peu, l’enfant va manger du mil et des bouillies plus solides. Quand il sait parler, il mange comme les adultes. On évite cependant de donner aux enfants épices et boissons alcoolisées. Les enfants mangent avec les femmes et à des heures régulières.
Propreté. — On ne commence à apprendre à l’enfant à être propre que lorsqu’il sait bien marcher.
Développement moteur. — Avant de savoir marcher, l’enfant vit serré dans un pagne au dos de sa mère. Quand il sait marcher, il ne doit pas s’éloigner de sa mère mais se promène tout le temps.
Les enfants sont élevés avec tendresse et jouissent d’une grande liberté; dès qu’ils ont atteint 4 ou 5 ans, les fils vont avec le père, les filles restent avec la mère; quand un nouvel enfant est né, sa mère s’en occupe, I’avant-dernier né passant à la garde des filles plus âgées.
Circoncision
Le garçon est circoncis vers 10 ans, quand son père le décide, par un homme qui est à la fois exciseur et circonciseur pour le village. Ce premier rite d’accession à la société des hommes ne donne pas lieu à de grandes cérémonies publiques, mais seulement à une petite fête familiale. On circoncit généralement plusieurs enfants en même temps, au début de la saison sèche, en décembre ou janvier. Le circoncis garde un pansement de feuilles quelques jours et passe les premières nuits dans la case de son père pour que des soins puissent lui être donnés au cas où, par exemple, son pansement se déferait. Pendant trois semaines environ, le jeune circoncis doit s’abstenir de manger des corps gras — cela retarderait sa guérison — et observer certains interdits par rapport aux femmes. Une fois la plaie guérie, le jeune garçon se tressera un ipog, gros et court, puis, quand il sera habitué à ce vêtement, un ipog très long, très blanc, qu’il portera fièrement.
Excision
La petite fille (fatag fatyevel) prend le nom d’agatyer trois ans avant qu’on doive l’exciser, elle a alors environ 15 ans et on commence à lui tatouer la poitrine.
Les filles Coniagui sont excisées vers 17 ans, les Bassari, un peu plus jeunes. L’excision est, chez les Coniagui, une cérémonie importante qui donne lieu à de grandes réjouissances et à force bombance ; des villages voisins, les parents viennent y assister.
L’excision a lieu à la fin de la saison sèche (vers mai), dans chaque village, chaque année, à moins qu’il n’y ait pas de filles à exciser cette année-là ou que les gens aient fait de mauvaises récoltes. L’opération se fait vers 7 heures du matin, hors du village. Les hommes n’ont pas le droit d’y assister, sauf l’exciseur et les lokuta et kore qui surveilleront les femmes. La fille à exciser, nue sous un grand pagne, serrant dans ses dents un mors de bois, est portée sur le dos d’une vieille femme jusqu’au lieu de l’opération et déposée étendue sur le dos sur deux femmes assises l’une derrière l’autre dans le sable. On relève son pagne jusqu’à la taille, des vieilles lui tiennent bras et jambes. L’exciseur coupe avec un couteau les petites lèvres et le clitoris. Dès l’opération jugée terminée par les vieilles qui la surveillent, la jeune excisée se met à danser. On lui lave les jambes, on la tamponne avec des feuilles passées au feu, puis, elle se remet à danser avec ses camarades d’excision et les kore. Ces danses sampat’e durent trois jours, pendant lesquels tous mangent et surtout, boivent abondamment. Les excisées passent ensuite le temps de leur guérison, une lune, dans une case du tyareg, kump, dont elles ne sortent que pour être pansées: chaque matin et chaque soir elles traversent le village pour aller au lieu de leur toilette, enveloppées dans un pagne blanc. Elles sont surveillées pendant cette retraite par des jeunes filles excisées depuis trois ans environ et aussi par les kore qui vont les visiter. Pendant les trois nuits qui suivent l’excision, les rhombes vrombissent dans le village: ce sont, dit-on aux femmes, les ventembesin, esprits de femmes mortes qui reviennent dans le village, et les femmes restent terrées dans leurs cases pendant que les hommes parcourent le village en poussant de grands cris et en déguisant leur voix pour ne pas être reconnus, font ronfler les rhombes, frappent les murs des cases des femmes et en soulèvent le toit pour jeter du sable à l’intérieur, etc.
Initiation
L’esprit qui préside aux cérémonies d’initiation ainsi que le plus haut dignitaire de la société secrète portent le même nom : numba
Le petit garçon (fatag fatyan) prend le nom d’aheker lorsque sa classe d’âge est la prochaine à devoir être initiée.
Les garçons sont initiés vers 17-18 ans, chez les Coniagui (ou même plus tard), un peu plus jeunes, 16 ans environ, chez les Bassari. Chez ces derniers, l’initiation a lieu en juin. Chez les Coniagui, l’initiation a toujours lieu un dimanche , à la fin d’août ou en septembre. La date en est fixée par l’arrivée des envoyés du numba (dignitaire) de Negare (Bassari), portant de village en village une corde à laquelle chaque société secrète de village fait un nœud en signe d’acceptation
Auparavant, la préparation des costumes, des nourritures et des boissons occupent de longs jours Les femmes pensent que les garçons vont être mis à mort et mangés par numba (esprit) : ils renaîtront nouveau-nés ignorants à qui une longue retraite permettra de retrouver leur taille et leur force. Les garçons à initier sont fiers mais inquiets du sort qui les attend ; en jouant de la flûte, ils sont allés inviter leurs parents et amis. Falug et dyarar ont préparé leurs costumes et surtout leurs coiffures de danse : les falug portent une ceinture à franges de peau blanche et beaucoup de bijoux d’aluminium et de perles — en particulier dans leurs cheveux piqués de plumes blanches, les dyarar arborent des pantalons bouffants et des maillots de corps blancs, de nombreux pagnes roulés et autres ornements, et toujours un lourd cimier multicolore (daka), dont la visière de plumes leur cache le visage; ils portent aux chevilles des sonnailles de fer et jouent de la flûte et de la trompe.
Falug et dyarar commencent à danser le samedi soir ; les paroles chantées sur des airs traditionnels varient selon le village et on en invente souvent de nouvelles. Le lendemain, la première cérémonie est le lavage des garçons à initier par de vieilles parentes. Puis, accompagnés par les hommes du village, les garçons sont conduits à l’ikuw, lieu sacré marqué par quelques pierres au pied d’un arbre. Là, le chef de village offre en sacrifice riz (?), bouillie de mil et bière faite avec du mil de l’année précédente. Chaque père de garçon à initier a apporté une calebasse de riz, une calebasse de bouillie de mil et de la bière. Tous ceux qui ne suivront pas plus loin les candidats à l’initiation et leur cortège, consomment là ces nourritures et ces boissons.
Les jeunes garçons et leur cortège d’hommes initiés vont alors à padda, lieu sacré constitué lui aussi par des pierres au pied d’un arbre, mais situé en brousse : il n’existe pas, comme pour ikuw, autant de padda que de villages, mais un seul par groupe de villages ayant une origine commune. A padda le cortège retrouve les chasseurs partis du village dès le lever du soleil. Si la chasse a été bonne, c’est que numba est satisfait. Jusqu’au soir, les garçons à initier attendent tristement, pendant que les hommes boivent de la bière. A la tombée du soleil, le chef ordonne aux garçons de se dévêtir, puis il commence à frapper sur le dos les garçons accroupis. Les hommes initiés n’attendaient que ce signal pour frapper à leur tour les jeunes gens, jusqu’à ce que le numba fasse entendre son cri : les lokuta lui répondent et la bastonnade s’arrête. Les lokuta se sont présentés aux garçons : « c’est moi qui vous ai chassés tel jour de tel endroit …, c’est moi qui…, etc. » ; ni le numba, ni les lokuta ne sont masqués puisque tous ceux qui sont là les connaissent maintenant.
Les nouveaux initiés reviennent alors vers le village, nus, en file indienne, précédés par le chef et ses fils, et accompagnés par les hommes qui les ont frappés et leur donnent maintenant des conseils sans leur ménager les insultes. Fataggenumba, les enfants de numba, sont installés aux kump10 qui ont été le matin même transportés par eux, du tyareg, jusque dans le champ de mil du village. De l’eau et de la nourriture les y attendent, les rations sont énormes et mal préparées. Fatigués, apeurés, douloureux, les initiés vont être, de plus, gavés pendant tout le temps de leur retraite : on dit aux femmes que les nouveau-nés doivent manger beaucoup pour grandir vite et les plats qu’elles remplissent trois fois par jour doivent être vidés. Pendant une lune, les initiés vont ainsi vivre entassés dans des cases trop petites, sans pouvoir se laver, surveillés par les falug, battus par les hommes, gavés de nourriture mal préparée et parfois même répugnante. Au cours de la retraite au kump, l’initié mange un plat de fonio et de haricots comportant une sauce dans laquelle a été mis un peu des organes sexuels féminins prélevés à la dernière excision. A l’initié on fait aussi manger de la graisse de caméléon, symbole de la force de l’homme. Le caméléon joue un rôle important dans la symbolique Coniagui et Bassari. Une semaine avant la fin de cette retraite, on cesse de battre les initiés pour que les femmes ne voient pas sur leurs corps de traces de coups et on leur apprend à marcher comme de faibles nouveau-nés, soutenus par les falug
La retraite se termine un dimanche par un sacrifice animal — boucs et taureau — offert par les pères des initiés et le chef du village. Le lendemain matin, le corps luisant de graisse, la tête rasée, vêtus seulement de leur ipog, les initiés sont menés au village par les falug. Le falug tient l’initié par la taille et le conduit à la case de sa mère : la mère s’avance, l’initié ne la reconnaît pas et veut la frapper — à peine l’a-t-il effleurée qu’il tombe, trop faible, et le falug doit le relever. Tour à tour s’avancent si elles le veulent toutes les femmes de la famille et la même scène recommence. Quand le soleil est haut, les initiés rentrent aux kump, déjeunent, se reposent et reviennent faire semblant de battre les femmes, de 14 heures jusqu’à la tombée du soleil. Ils rentrent dîner et dormir aux kump, reviennent le lendemain matin au village un peu plus forts : armés d’un bâton, ils frappent les femmes — comme la veille obligatoirement leurs mères, facultativement les autres. Chaque jour leurs forces leur reviennent un peu plus, peu à peu leurs mains s’ouvrent, ils peuvent à nouveau parler, tirer à l’arc, se laver à la rivière et toujours frapper les femmes qu’ils rencontrent: au bout de quelques jours ils n’ont plus le droit de frapper que les femmes de leurs familles et ils peuvent parler à toutes les autres.
Vers décembre, la mère de l’initié préparera de la bière de mil en l’honneur de son fils, c’est simpenha : la salutation; à partir de ce moment il n’aura plus le droit de la battre — en fait, il ne le fait déjà plus — et il pourra lui parler.
Les nouveaux initiés ont tout oublié de leur vie passée: aucune allusion n’y sera faite en leur présence.
Avant son initiation, le jeune aheker s’était construit une case près de celle de son père. Nouvellement initié il dort dans la case d’un dyarar, au dyareg, jusqu’au mois de mai ou de juin suivant. A ce moment-là, il devient falug et va habiter la case qu’il s’est construite près de son père. Un, deux, trois ou quatre ans plus tard, devenu dyarar, il installera sa case au tyareg au cours d’une intéressante cérémonie Entouré de danseurs — jeunes gens et jeunes filles — le toit neuf, blanc (il est couvert de feuilles de ronier) est porté chez la mère du nouveau dyarar, puis chez sa soeur qui lui donnent à boire de l’hydromel et à manger du fonio, puis enfin chez le chef. Celui-ci réveille le toit par des coups de fusil et l’interroge sur ses désirs : veut-il du parfum, de l’hydromel, du savon ou du riz ? Le toit répond en se dirigeant d’un côté ou d’un autre 11. Alors seulement le toit se déclare fatigué, tous les assistants dansent et le toit au faîte en forme de cimier est posé sur la case. Cette cérémonie a lieu avant l’excision des filles en mai, époque à laquelle les dyarar refont leurs cases : ils les repoussent pour faire de la place aux nouveaux, chaque jour un ou deux falug passent ainsi au tyareg ; ils y demeureront jusqu’à leur mariage et, s’ils ne se marient pas, toute leur vie. Dans ce cas, lorsque tous ses camarades initiés la même année que lui sont mariés, le dyarar prend le nom de dyarar atyankaf (dyarar chef).
Comme l’excision, l’initiation n’a pas lieu quand il n’y a pas de candidat en âge de la subir ou quand les réserves de nourritures sont épuisées. Mais qu’il y ait ou non des garçons à initier, I’ensemble des rites 12, les sacrifices à ikuw et à padda, c’est-à-dire l’essentiel, ont lieu chaque année. On désigne cette cérémonie sous le nom de dyendye qu’il y ait ou non initiation. La cérémonie est seulement plus importante et les festivités plus grandes, dans le premier cas.
Excisées (aryeg) et dyarar jouissent d’une grande liberté sexuelle. Chaque jeune fille est autorisée à avoir un ami par village, chez lequel elle peut aller faire de courts séjours si elle a de la famille dans ce village. Mais en réalité les filles Coniagui commencent vers 15 ans à « s’amuser » avec des garçons guère plus âgés qu’elles et non initiés. Comme cela est interdit, la fille qui rend visite à un garçon et vice versa, s’arrange avec des camarades pour tâcher de ne pas être vue par les dyarar qui font respecter les coutumes.
Au jeune initié (tant qu’il n’est pas falug), il est absolument interdit d’avoir de rapports avec des filles : il ne peut même songer à transgresser cet interdit avec ses plus chères anciennes amies, qui s’en vanteraient, lui faisant courir de très grands risques.
Jusqu’à son mariage, la jeune fille vit chez sa mère. Aujourd’hui elle se marie après avoir eu un enfant ou même seulement enceinte, autrefois après en avoir eu deux ou trois. Mais la jeune fille ne souhaite pas se marier de bonne heure, c’est son fiancé qui y tient.
Il existe quelques célibataires : de vieux dyarar qui n’ont pas pu trouver d’épouses, parce qu’ils sont malades ou paresseux par exemple. Les filles stériles ont du mal à se marier, elles finissent souvent par épouser des hommes ayant déjà des femmes qui leur ont donné des enfants.
Chez les Bassari, les classes d’âge sont tout à fait parallèles à celles des Coniagui et l’initiation se déroule suivant un schéma analogue, mais avec moins de sévérité. Ainsi chez les Coniagui les garçons nus doivent offrir leurs dos courbés aux coups des dyarar, chez les Bassari au contraire, il s’agit d’une lutte où les hommes sont les plus forts, mais où les garçons sont armés et peuvent se défendre ; de même chez les Coniagui la retraite des jeunes initiés dure plusieurs semaines ou plusieurs mois alors qu’elle ne dure que sept jours chez les Bassari ; chez les premiers la bastonnade a lieu en brousse et la retraite à l’écart du village, chez les Bassari les deux ont lieu au village, etc. Il est intéressant de noter à ce propos que si les Coniagui semblent avoir emprunté aux Bassari nombre de leurs coutumes religieuses, ils en ont exagéré la rigueur.
Le mariage
Pour se fiancer, le jeune homme Coniagui doit avoir le consentement de ses parents et futurs beaux-parents. Le jeune homme envoie à la mère de la jeune fille — celle-ci peut n’avoir que 3 ans ou ne pas même être née — du fil noir, puis des boucles d’oreille d’aluminium quand la fille a 12 ans : si la mère accepte il y a promesse de mariage. Mais pratiquement aucune fille n’est mariée sans son consentement et l’indépendance des filles croissant, il y a trop de risques à les fiancer jeunes, aussi attend-on généralement aujourd’hui que la fille choisisse qui lui convient. A l’excision, le jeune homme donne à sa fiancée perles, bracelets, aiguilles et pagnes; quelques mois avant il envoie un chapon qui sera mangé par le père de la fille (ce cadeau s’appelle iñena) et au dyendye suivant l’excision une poule noire. Chaque année le fiancé doit une pioche, un panier de mil à bière et quelques journées de travail au début de l’hivernage, et de nouveau quelques jours de travail à la récolte. La fiancée apporte du bois à son fiancé quand elle vient chez lui, et le fiancé lui rapporte de Gambie pagne, mouchoir et perles : elle les porte pour montrer qu’elle agrée le fiancé, sinon elle doit les rendre sans les avoir portés.
Tous ces cadeaux sont amenés par deux amis du fiancé qui serviront de témoins si, les fiançailles rompues, il doit y avoir remboursement. Car les fiançailles ne donnent pas un droit absolu et irrévocable au jeune homme, mais plutôt une priorité. Pour que le mariage ait lieu, le fiancé doit veiller avec soin à plaire à la jeune fille et à sa famille.
Le mariage a le plus souvent lieu au début de l’hivernage, moment où l’on partage les terres : il faut que le nouveau ménage dispose d’un lopin pour ses cultures. Un soir (lundi, mercredi ou vendredi) un homme et une femme âges, parents du jeune homme, vont chercher la jeune fille chez son père. Ils l’emmènent chez la mère du jeune homme, chez laquelle elle passera la nuit. Le lendemain, les parents de la jeune fille viendront pour un grand repas et recevront, dans certains villages, une offrande de bière de mil appelée uringwa. Le soir, les deux vieux parents du jeune homme mèneront la femme chez son mari. Le lendemain l’épouse retournera chez ses parents chercher ses vêtements et ustensiles. Les parentes du mari feront la cuisine pour la jeune épouse pendant quelques jours.
Quatre poteaux à encoches marquent les portes de la case et de la cuisine d’une première épouse.
Si la femme Coniagui attendait autrefois pour se marier d’avoir eu deux ou trois enfants et si aujourd’hui encore elle attend d’avoir eu un enfant, il n’en est pas de même chez les Bassari où la femme se marie plus jeune et nullipare. Chez les Bassari, entre les fiançailles et le mariage, le fiancé donne à sa fiancée ou à sa famille des perles, des nattes, des bandes de coton, des moutons et des chèvres et il va travailler quelques jours par an aux champs de son futur beau-père. La fiancée va aussi travailler chez sa future belle-mère pour piler le mil à bière ou préparer de l’huile de palme. Quand le fiancé a donné trois moutons au père et une chèvre à la mère de la fille, il construit une case, puis la fille vient modeler le mobilier. Quand la case est ainsi terminée, le père prévient qu’il va amener sa fille. Elle est amenée la nuit par un homme de sa famille. La fiancée lui donne une bande de coton ou un pagne et la fille reste chez son fiancé. Le lendemain des camarades viendront saluer les jeunes mariés et leur apporter de l’argent.
Après le mariage
Chez les Coniagui, la femme mariée (asevel) doit fidélité à son époux Quand un mari apprend que sa femme le trompe, il la bat, il peut battre l’amant et l’assemblée des vieillards du village peut faire payer à celui-ci une amende. Mais quand une femme apprend que son mari la trompe, c’est une affaire entre eux, aucune amende n’est due.
Quelques semaines après la naissance du premier enfant qu’une femme mariée a chez son mari, a lieu la cérémonie dite ityank (interdite depuis 1947 par le chef de canton Coniagui Cobita). Dans son carré, à la nuit, la femme agenouillée sous la peau d’un mouton offert par son premier amant, est interrogée par un vieux parent devant les hommes du village réunis. Questionnée au nom de numba, la femme confesse le nom de tous les hommes qu’elle a connus. Elle devra ensuite apporter aux vieux de son village autant de poulets qu’elle a avoué d’amants : 15, 20 ou 30. Chacun de ceux-ci lui fournira un poulet. Cette cérémonie peut créer une grande gêne chez la femme, si elle avoue un grand nombre d’amants, chez le mari et aussi parfois chez des jeunes gens qui ne se sont pas toujours vantés de toutes leurs bonnes fortunes 13
Le mari a le devoir de nourrir et d’entretenir ses femmes, mais les biens meubles de chacun des conjoints restent leur propriété personnelle : la femme comme l’homme peut posséder, acquérir et administrer ses biens.
Marié, l’homme prend le nom d’atyer et la femme en vieillissant celui de annem
Le mariage peut être dissous par un divorce. Celui-ci est toujours prononcé par les vieux du village, soit que les époux veuillent se séparer par consentement mutuel, soit que le mari maltraite sa femme, etc. On offre à cette occasion un sacrifice appelé pasa, au carré du mari (Une poule blanche est sacrifiée sur le morceau de bois du pas de la porte de la case du mari, considéré comme « la tête du père » de celui-ci.) La stérilité du mari n’est pas une cause de divorce, mais dans ce cas l’opinion publique n’est pas défavorable à la femme qui a des enfants d’autres hommes.
Une femme divorcée retourne chez son père, puis peut se remarier. Mais, chez les Coniagui, si elle divorce deux fois, elle ne trouvera plus de mari, alors que chez les Bassari les femmes se marient souvent pour deux au trois ans et ont souvent un grand nombre de maris. En cas de divorce, les enfants petits, garçons et filles, suivent leur mère. Les garçons nés avant le mariage seront initiés au village de la femme même si elle est remariée, alors que ceux nés après le mariage retourneront au village de leur père vers les 10 ans pour être circoncis puis initiés.
La veuve peut épouser le frère de son mari, mais elle peut aussi épouser un autre homme.
Coutumes funéraires
Pour les Coniagui, après la mort, la partie essentielle de l’homme anonkwol, principe spirituel immortel, va mener une vie propre, dont différentes cérémonies et rites funéraires vont déclencher les étapes :
- Après la mort et l’enterrement, dés que l’anonkwol est sorti de la tombe (cette cérémonie porte le nom de kadyinda), il se promène dans le village, redoutable.
- La cérémonie wakuey va fixer l’anonkwol aux poteaux de bois de la porte et du lit du défunt.
- L’installation de ces poteaux auprès des autres poteaux funéraires (renka) de sa famille, réunis sous un grand arbre, apaise définitivement l’anonkwol. Pour celui-ci un nouvel état commence : il n’est plus à craindre mais à prier et ses descendants lui offriront des sacrifices en échange de sa protection, de ses conseils.
La mort est annoncée par les pleurs des femmes de la famille.
1° L’enterrement a lieu le jour même de la mort, ou le lendemain matin.
Le corps du défunt est lavé par les femmes, enveloppé dans un pagne et roulé dans une natte. On envoie les garçons et les falug prévenir les membres de la famille. Des hommes partent creuser la tombe près du village. La tombe est constituée par une fosse allongée, rectangulaire, à laquelle on accède par une étroite cheminée circulaire d’environ 50 cm. de profondeur
Avant de procéder à l’enterrement proprement dit, on interroge le mort sur les causes de son décès: toute mort est anormale et doit donc être expliquée.
Quatre hommes chargent sur leurs épaules la civière de bambous à laquelle le cadavre est attaché par des bandes de coton. Un vieillard apparenté au défunt, debout devant la civière, pose un certain nombre de questions dont la réponse est oui ou non : le mort répond en faisant avancer ou reculer les porteurs de la civière. Le dialogue qui s’engage peut être dramatique, comme par exemple celui-ci :
— Qui t’a tué ? Nous tes parents ? Dans ce cas avance, sinon recule.
La civière recule : la réponse est négative.
— Est-ce une maladie qui t’a tué ?
La civière avance : oui.
— Qui ?
La civière va cogner un des assistants.
— Pourquoi ?
La civière ne bouge pas : on ne peut répondre à cette question par oui ou non.
— Parce que tu lui avais donné un ordre qui ne lui plaisait pas ?
La civière recule : non.
— Parce que tu as empoisonné son fils ou son frère ?
Le cadavre avance : oui.
L’accusé prend alors la place du vieillard et interroge à son tour :
— Alors tu dis au village que c’est moi qui t’ai tué ?
Le cadavre avance : oui.
— Bon.
L’accusé ne peut se défendre. Il est un parent du décédé que le vieillard n’aimait pas. Tous l’injurient. Enfin, il reprend :
— Si c’est moi qui t’ai tué, va te reposer dans ta tombe.
Les porteurs font alors faire au cadavre le tour de la famille pour qu’on lui dise au revoir. Les femmes pleurent.
Arrivé à la tombe, on enlève les bandes de coton qui attachaient le corps à la civière. Le corps est déposé dans la fosse tapissée d’une natte, la tête vers le soleil levant s’il s’agit d’un homme, vers le soleil couchant dans le cas d’une femme. La partie inférieure de la cheminée circulaire est fermée par un lit de bambous qu’on recouvre ensuite de terre. On pose sur la tombe le toit de la case du mort, surmontée de la coiffure du défunt (vieille chéchia par exemple) ou de son « rond à porter » (d’écorce ou de tissu) s’il s’agit d’une femme. A côté de la tombe on place souvent une petite calebasse dont le mort se servait pour boire, sa tabatière, etc. Un sacrifice est ensuite offert au mort, de poulets par exemple; le manche de la pioche qui a servi à creuser la tombe est abandonné, le fer en est soigneusement lavé. Porteurs et fossoyeurs se lavent avant de rentrer chez eux, le sol de la case du défunt est soigneusement raclé et balayé.
Quelques jours plus tard une cérémonie a lieu à la tombe : kadyinda (le mot signifie soulever la tombe). Elle consiste à soulever le toit de la case du mort qui recouvre la tombe et à intercaler entre la terre et ce toit la partie supérieure de la natte de bambou qui constituait le mur de la case du mort, l’ouverture de la porte tournée vers l’est s’il s’agit d’un homme, vers l’ouest s’il s’agit d’une femme, pour que l’anonkwol puisse respirer.
Jusqu’à ce jour seulement la famille du mort lui apporte chaque soir de la nourriture, de l’eau, du tabac. Mais maintenant l’anonkwol se promène et il est redoutable.
L’emplacement de la tombe restera marqué par le toit de la case du mort pendant quelques années, jusqu’à ce que les pluies l’aient fait disparaître.
Tout ce qui précède concerne l’enterrement d’un adulte Coniagui, homme ou femme. Certaines coutumes spéciales, que nous ne voulons pas décrire en détail ici, marquent l’enterrement des autres membres de la société Coniagui : par exemple, I’emplacement des tombes des petits enfants — qui n’ont pas de case personnelles et sont enterrés sous le lit de leur mère — est seulement marqué par une poterie renversée sur le sol, le goulot enterré; les enterrements des lépreux et de certains autres malades sont aussi différents et surtout les enterrements de chef qui donnent lieu à de nombreuses cérémonies particulières : Maupoil s’est particulièrement intéressé à cette dernière question et nous comptons publier prochainement ses notes à ce sujet.
Ni Delacour, ni Maupoil ne décrivent d’enterrement Bassari. Nous avons assisté à celui d’une vieille femme. Le schéma de la cérémonie est assez semblable à celui des Coniagui. Il y a cependant quelques différences : la tombe n’est pas isolée mais creusée auprès d’autres tombes en brousse et deux sacrifices ont lieu avant que la morte n’ait quitté le village: un premier sur le pas de la porte de la case de la morte — un poulet est sacrifié par une femme pour que la morte — soit emmenée dans le bon chemin », un canari et des calebasses contenant des arachides, du fonio et du sel sont brisées (pour un homme une calebasse contenant du sel). Ces débris seront balayes et jetés plus tard dans le marigot. Un second sacrifice a lieu sur un autel, au pied d’un fromager, près de l’ ambofor. La tombe est marquée d’un cercle de blocs de latérite couvert de branchages, de terre et enfin de la natte de la morte coupée en deux et fixée par quelques branches. Le vendredi ou le lundi (jours des morts) suivant l’enterrement, les parents viendront voir si l’« âme » du défunt, angap (synonyme d’anonkwol coniagui) est sortie, ce que marquera un petit trou dans la terre recouvrant la tombe vers la tête.
2° L’anonkwol se promène maintenant dans le village, ne pouvant rester tranquille. La cérémonie wakuey (le mot évoque l’idée de s’égarer) consiste essentiellement à verser de la bière sur le bois du lit du défunt, ce qui a pour effet d’y installer l’anonkwol
Wakuey a lieu un lundi, environ quinze jours après la mort mais parfois plus tard : il faut avoir du mil pour préparer de la bière. Devant la case du mort a lieu un sacrifice de bière, versée sur les piquets de la porte et le bois du lit du mort. Un sacrifice de poulet est ensuite offert au mort.
Puis a lieu une cérémonie appelée gubangware (le mot signifie casser les arcs). Les femmes dansent au son du tambour, mimant successivement différentes activités d’hommes et de femmes avant l’offrande d’un sacrifice derrière la case du mort ou de la morte. Puis les hommes s’il s’agit d’un mort, les femmes s’il s’agit d’une morte, partent vers un petit bois non loin du village. Là, devant un certain arbre (un certain arbre pour tous les hommes, un certain arbre pour toutes les femmes), un vieux camarade 14 du mort dépose l’arc du défunt et tue sur cet arc un poulet. La tête de celui-ci et la gourde du mort sont mises dans une grande calebasse que l’on ferme à l’aide d’une plus petite et que l’on pose dans l’arbre. Lorsqu’il s’agit d’une femme, une de ses camarades 15 dépose sur l’arbre une baguette de bois fourchu qui lui servira de canne dans l’au-delà. Sur cette baguette est sacrifié un poulet dont la tête est mise dans la grande calebasse avec de petites calebasses ayant appartenu à la défunte.
A wakuey Coniagui correspond chez les Bassari edas’ : de la bière (?), un poulet et du sel y sont sacrifiés à la case du mort pour qu’angap y revienne.
3° L’anonkwol est maintenant en paix. Mais il reste encore, le lendemain, une dernière cérémonie à accomplir, lepa : transporter auprès des poteaux (renka : le mot évoque l’idée de rentrer) de sa famille, réunis au pied d’un grand arbre, les bois de la porte et du lit du mort, dans lesquels l’anonkwol demeure maintenant et qui le symbolisent. Des vieux (qu’il s’agisse d’un mort ou d’une morte) plantent les poteaux puis versent de la bière de mil sur tous les renka de la famille, puis les vieilles (s’il s’agit d’une morte) versent de la bière de mil sur les poteaux de la morte.
Un an après peut-être, on offrira de la bière de mil aux renka pour demander aux anonkwol de protéger les membres vivants de leur famille. A renka Coniagui correspond oyaon chez les Bassari. Après cette offrande de bière le mort « a gagné une bonne place ». Le culte aux ancêtres de la famille qui constitue l’essentiel de la religion Coniagui consiste surtout en sacrifices offerts aux renka. Au cours de ces sacrifices, les anonkwol de la famille qui vivent avec tous les autres anonkwol dans un village mythique viennent dans les renka quand on arrose ceux-ci de bière. On offre aussi en sacrifice aux renka des boeufs, des chèvres ou des coqs. On demande en échange une guérison, la naissance d’un enfant, un conseil, etc., et on lit la réponse de l’anonkwol dans la couleur des testicules de l’animal sacrifié : par exemple oui s’ils sont blancs, non s’ils sont noirs, etc.
VII. — Croyances
Coniagui et Bassari croient en un certain nombre d’êtres surnaturels qu’on peut essayer de grouper comme suit :
1° Les esprits auxquels est rendu un culte public sous forme de sacrifices. Ce culte peut être général ou particulier, selon qu’il concerne un groupe ou un individu.
A) On rend des cultes généraux à :
- unu, maître des éléments et des hommes qu’il a mis au monde. Il n’existe pas de représentation d’unu. Unu s’occupe peu des individus, on ne lui offre des sacrifices qu’en cas de calamités. Autrefois on offrait à unu chaque année le sacrifice appelé sadaga16, qui avait lieu successivement dans chaque famille, au début de l’hivernage, avant at’eva
- numba est le père de tous les hommes Coniagui et préside à leur initiation. Le mouton est l’animal sacré de numba. Il n’existe pas d’objet le représentant, mais le dignitaire le plus élevé de la société secrète de chaque village s’appelle numba et le représente.
- igwar est à la fois dieu (unu) et terre ; la terre lui appartient. Il existe une représentation d’igwar par village, c’est un objet en fer logé dans le toit du kump. On lui offre en sacrifice des animaux, de l’eau, mais jamais de bière. C’est le plus haut dignitaire de la société secrète, numba, qui offre les sacrifices à igwar. Igwar joue un rôle important dans la fondation du village, la succession du chef, I’intronisation du kore, etc. En cas de guerre, le chef porte l’igwar de son village sur lui 17
- ikuv est matérialisé par quelques pierres sous un arbre ; il y a plusieurs de ces autels par village : un au village même, un autre à pedda, lieu sacré de brousse, un autre encore au village-mère du groupe dont le village fait partie. Lokuta et numba y sacrifient. C’est à l’ikwu (at’eva) que les Coniagui demandent la venue des pluies, chaque printemps. Les offrandes de mouton sont réservées à ikuv et igwar
B) A d’autres esprits sont rendus des cultes personnels : unker et différents revgen (esprits) protègent contre les maladies, facilitent les accouchements, accordent bonne récolte, bonne chasse ou tout autre bienfait à échéance rapide. On offre à unker de la bière, de la bouillie de mil cru, un coq, etc. Il existe un unker par village (un morceau de bois conservé dans le petit grenier du tyareg) et des unker familiaux ou individuels. Aux revgen on offre le plus souvent de l’eau, parfois aussi de la bière ou le sang d’un animal. Atyer rend les enfants malades, c’est un des plus puissants revyen 18
Mais c’est aux anonkwol, aux âmes des ancêtres habitant les renka que sont le plus souvent offerts des sacrifices pour le bien-être de la famille et de l’individu, les cultes généraux étant eux nécessaires à la bonne marche des affaires du village tout entier.
2° Les génies, parmi lesquels ont peut citer fato, le génie des eaux et de la richesse, à forme de serpent 19, et santiu et sambutyira (« le vieux du baobab ») qui sont malfaisants.
Tous les noms d’esprits et de génies cités ci-dessus sont les noms Coniagui, leurs noms et caractéristiques chez les Bassari étant généralement très proches. Il semble que les cultes particuliers à des individus ou à des familles (à l’intérieur desquels ils sont héréditaires) soient plus fréquents chez les Bassari que chez les Coniagui. Esprits et génies sont invisibles et habitent la brousse, les bois et les lieux consacrés.
Les magiciens sont des hommes ou des femmes nés avec des pouvoirs que les autres n’ont pas : ils voient à distance la nuit comme le jour, peuvent se changer en animaux, être à deux endroits à la fois, courir sans toucher terre, etc. Celui qui possède ce pouvoir peut s’en servir pour le bien et pour le mal. Il peut rendre les gens malades, et aussi les guérir. Les malades quittent souvent leur village pour échapper à l’influence du magicien qui leur veut du mal.
Devins et devineresses sont des intermédiaires entre les anonkwol et les hommes. Ils interrogent les premiers sur l’avenir et lisent leurs réponses dans la manière par exemple dont l’eau est retenue par un canari percé 20 ou s’écoule d’une gourde.
VIII. — Cérémonie religieuses
La plupart des cérémonies religieuses Coniagui et Bassari ont été décrites dans les chapitres précédents, en particulier celles qui se rapportent à l’initiation, aux sociétés secrètes, à la société des chasseurs et aux rites funéraires. Nous n’avons cependant pas encore parlé de la cérémonie Coniagui appelée at’eva, qui a lieu chaque année vers le mois de mai. Comme dans toutes les cérémonies religieuses que nous avons décrites jusqu’ici, des hommes, en l’occurrence des lokuta-chanteurs, y offrent un sacrifice. Mais ces sacrificateurs ne sont cette fois que les porte-parole des femmes : ce sont en réalité celles-ci qui demandent à ikuv la venue des pluies, nécessaires aux cultures, c’est-à-dire la subsistance et la vie même des Coniagui. Après ce sacrifice, les femmes dansent pendant plusieurs nuits, au cours desquelles règne une grande licence sexuelle. Cette fête annuelle est particulièrement appréciée des femmes mariées qui doivent en tout autre temps fidélité à leur mari. Une cérémonie analogue a lieu chez les Bassari.
Dans quelques villages Coniagui avoisinant Youkounkoun (Bantank et Momon) un culte spécial est rendu à un canari et à différents charmes conservés dans une petite construction sur pilotis au milieu du tyareg. Ce culte est dit avoir été apporté par un marabout musulman.
Nous voudrions citer une dernière cérémonie, que certains Bassari appellent bako. Seuls quelques hommes d’un certain âge offrent aux esprits ce sacrifice de mil cuit, de viande de boeuf et de rat et de divers fruits. Cette cérémonie extrêmement complexe a lieu en saison sèche et comporte une chasse, des danses d’hommes et de femmes mimant la vie des hommes (nous avons vu une femme porter à cette occasion un phallus d’argile et un étui pénien) et de grandes beuveries de bière de mil. De cette coutume Bassari on peut probablement rapprocher les rites (reve wadiey) accomplis par certains Coniagui qui ne mangent pas la farine de néré. Mais sur tous ces sujets nous sommes encore très mal renseignés.
Chez les Bassari, le nombre de cérémonies, toutes groupées en saison sèche, est plus grand que chez les Coniagui. A chacune prend part plus spécialement une classe d’âge, jeunes gens, jeunes filles, hommes adultes, etc.
Si l’on compare toutes ces cérémonies religieuses, on voit qu’elles ont presque toutes en commun un sacrifice qui sert à mettre en rapport les hommes et les puissances surnaturelles. Par cette offrande de sang, de mil, d’eau ou de bière de mil, le sacrificateur, agissant au nom de l’individu ou du groupe qui offre le sacrifice, fait venir dans l’autel les puissances auxquelles il s’adresse et se les concilie. Il leur demande une aide et lit souvent leur réponse dans la couleur des testicules de l’animal sacrifié. Des mets et des boissons ainsi offerts aux puissances surnaturelles, une partie est versée sur l’autel et abandonnée aux esprits, le reste est consommé par certains des assistants. La bière de mil, offerte aux esprits et consommée par les assistants, a une valeur communielle, elle est d’une importance capitale dans ces cérémonies qui marquent les divers événements de la vie des Coniagui et des Bassari, de la naissance à la mort et au-delà.
Notes
1. M. de Lestrange, 1950-a. Depuis la rédaction du présent travail, Pales (L.) et Tassin de St. Pereuse (M.), 1953, ont publié le résultat de leurs enquêtes sur la stature, l’indice cormique et l’indice céphalique des Coniagui et Bassari (n = 175 en ce qui concerne l’indice céphalique, 176 la stature et l’indice cormique des Coniagui 107 l’indice céphalique et la stature et 106 l’indice cormique des Bassari). Ils on trouvé les Coniagui (p. 257) « mésosomes sur moyens tendant aux hautes statures brachycormes, dolichocéphales francs » et les Bassari (p. 253) « mésosomes sur moyens brachycormes dolichocéphales ». Ces résultats sont très proches des nôtres.
2. M. de Lestrange, avec la collaboration de N. Diakité, 1949.
3. Qui n’étaient pas vendus comme l’étaient une partie des captifs étrangers. Delacour (p. 374) écrit : « Dans leurs luttes intestines les Koniagui se faisaient bien des captifs, mais, généralement, tout s’arrangeait par une réconciliation ou des échanges. »
4. Un sacrifice du même nom aura lieu à l’initiation et au cours des cérémonies funéraires..
5. Ou, dit-on aujourd’hui, le jumeau le plus faible. Mais il semble qu’il ne faille voir là qu’une information erronée qui peut d’ailleurs indiquer que l’explication traditionnelle de ce rite, et peut-être demain ce rite lui-même, est en train de se perdre : ne connaissant pas la raison pour laquelle on supprime le jumeau né le second, les jeunes Coniagui pensent aujourd’hui qu’on supprime le jumeau le plus faible.
6. Les Coniagui donnent souvent aujourd’hui des explications telles que la suivante : « La femme qui allaite ne doit pas avoir de rapports sexuels avec son mari pour éviter d’avoir un autre enfant, car elle ne peut emmener avec elle aux champs deux enfants ne sachant pas marcher. » C’est une raison, mais il y en a d’autres sur d’autres plans car il existe des ordres de connaissance divers, que les Coniagui — et a fortiori les ethnographes qui les étudient — n’appréhendent que successivement et fort lentement.
7. En particulier des arachides : culture de femmes.
8. Les Coniagui et les Bassari connaissant le mois lunaire et la semaine de sept jours, chacun des jours de leur semaine est assimilé à un des nôtres.
9. Cf. Initiation
10. Il peut y avoir un ou deux kump, selon le nombre d’excisées ou d’initiés.
11. Cf. Interrogatoire du mort, et Importance de la coiffure .
12. A Ifane (et à Ikandye jusqu’en 1945, ainsi que dans d’autres villages auparavant), l’initiation se passe de manière différente : un tambour y joue un rôle important, analogue à celui de numba dans les autres villages.
13. On peut refaire ityank plusieurs fois pour la même femme, en cas d’inconduite ou de maladie.
14. C’est-à-dire de même classe d’âge.
15. C’est-à-dire de même classe d’âge.
16. Sadaga désigne aussi le sacrifice offert à la fin de l’hivernage, quand les céréales sont déjà hautes et que les champs réclament moins de travaux. Quand ce sacrifice a été accompli, on peut consacrer au repos un ou deux jours. Il n’est pas dans notre intention d’aborder ici l’étude comparative des Coniagui et des Bassari ; notons cependant que le terme arabesadaga signifie offrande et désigne, chez les Kabyles d’Algérie, deux sacrifices annuels dont l’un a lieu au début de l’automne, avant les pluies et les semailles, l’autre quand le blé et l’orge sont verts, avant les récoltes.
17. Il est vraisemblable que l’esprit igwar ne vient dans l’objet igwar qu’au moment où on verse sur celui-ci le liquide (sang, eau) qu’on lui offre en sacrifice. Mais un seul mot désigne l’esprit et cet objet qui le supporte au moment où les hommes entrent en contact avec lui : il en est de même pour tous les esprits que nous décrivons ici, l’esprit et son autel ne font qu’un.
18. Il existe un grand nombre d’êtres surnaturels invoqués par les Coniagui et les Bassari, pour des causes précises. Nous n’avons cité ici que les principaux. Ils habitent souvent des arbres ou des tas de pierres.
19. M. de Lestrange, 1960-b.
20. M. de Lestrange, 1952-b.