Ahmed Sékou Touré (1922-1984)

Ahmed Sékou Touré (1922-1984).
Président de la Guinée de 1958 à 1984.


Annexe
Article de Keita Fodéba après la mort de Kanté Facély

(paru dans Horoya du 22 juillet 1961)

C’est en 1944 à Saint-Louis du Sénégal où j’étais instituteur, que j’ai connu Kanté Facély. Un soir, au cours d’une promenade avec des amis sur le Pont N’Dar-Toute, j’ai rencontré un joueur de guitare solitaire qui était encore à ses débuts et qui s’exerçait sur des airs guinéens que je connaissais. C’était Kanté Facély… Vite, nous avons fraternisé pour devenir des amis qui se retrouvaient tous les soirs dans mon petit logement de la rue Blaise Dumont pour jouer des airs de chez nous, des airs de Guinée.
Ensemble nous créâmes d’abord un orchestre “Sud Jazz”, qui regroupait tous les musiciens originaires des pays africains du Sud. Cet orchestre, dont Facély était le principal animateur avait pour but de faire connaître au Sénégal les immenses ressources de la musique folklorique des pays du Sud, depuis la Casamance jusqu’au Cameroun. Plus tard, nous devions créer toujours ensemble, avec la collaboration de la Jeunesse St-Louisienne, une troupe artistique dénommée le Progrès. Et c’est grâce aux immenses possibilités artistiques de Facély que j’ai pu, à ce moment-là, écrire “Minuit” et un peu plus tard “Aube Africaine” dont la musique a été inspirée et exécutée par lui. En 1948, c’est avec beaucoup de peine que je quittais mon frère Facély pour la France. A Paris, je devais retrouver des amis de l’École Professionnelle Supérieure, Touré Ismaël, Conté Saidou et Diop Alassane, qui m’aidèrent à faire venir Facély en France pour créer ensemble une troupe qui devait devenir les Ballets Africains dont le Comité directeur était, dès le début, composé de Facély, Touré Ismaël, Conté Saidou, Aw Amadou, l’actuel ministre des Travaux Publics du Mali et de moi-même. C’est ainsi que dix années durant, Kanté Facély a été l’âme des Ballets Africains dont il était le directeur artistique.
Facély n’était pas seulement pour moi un collaborateur, c’était un ami désintéressé et un frère. Sa contribution à l’Art africain est immense quand on sait qu’il a été le premier à graver sur disque un riche répertoire de chants africains, magnifiant en un moment où cela était difficile, les grandeurs du passé africain et incarnant par conséquent les plus dignes sentiments patriotiques.
L’Art africain perd donc en Kanté Facély un de ses pionniers et personnellement je me dois de lui rendre hommage sincère et ému en précisant que tout ce que j’ai pu faire sur le plan artistique, je le dois à lui, à lui mon frère Kanté Facély.