Les bibliothèques et centres de documentation

Les bibliothèques et centres de documentation

“Littérature guinéenne”
L’Harmattan. Paris, 2005. 175 pages
Notre Librairie
N°88/89 Juillet-septembre 1987. Pages 166-168


La Bibliothèque Nationale

La Bibliothèque Nationale a été créée par le Décret 1974 de novembre 1958. 22 personnes sont employées dans ce service.
La Bibliothèque Nationale est riche de 39 000 ouvrages. Elle s’est accrue de 300 livres en 1985 par échanges et par dons. Elle jouit du rôle légal. Son rôle est la conservation du patrimoine guinéen. 1 500 lecteurs consultent sur place son fonds documentaire, avec une moyenne de 30 lecteurs par jour. Les documents ne sont pas en accès libre et sont classés par ordre d’entrée. Des fichiers « auteurs et anonymes », « matière » et « titres » guident les lecteurs. La Bibliothèque Nationale ne publie pas de catalogues.

La Bibliothèque Nationale, en plus des fonctions ordinaires qu’on reconnaît à toute bibliothèque, assume généralement des travaux collectifs au profit de l’ensemble des bibliothèques du pays ; elle abrite par ailleurs l’Agence bibliographique nationale qui, elle-même, a pour attributions essentielles de gérer le dépôt légal et de publier régulièrement la bibliographie nationale. A ce titre, la Bibliothèque Nationale est partout ailleurs l’un des joyaux du patrimoine culturel national.
Toutes ces belles idées sur la bibliothèque sont partagées par les autorités de l’ancien régime, mais des idées aux actes, il y a souvent un abîme. En dépit de toutes les circulaires ou ordonnances portant organisation des bibliothèques, celles-ci étaient en réalité le dernier souci du Parti-Etat, qui proscrivait systématiquement toute littérature qui ne cadrait pas avec son idéologie.
Quand on jette un regard sur la Bibliothèque Nationale, telle que nous l’a laissée le régime d’hier, on ne peut s’empêcher de reprendre l’expression consacrée: l’héritage est lourd. Voyons les choses de plus près :

Locaux

La Bibliothèque Nationale, qui est l’une des divisions de la Direction de la Recherche Scientifique et Technique (ex-I.C.C.R.D.G.) se trouve dans un bâtiment colonial fort vétuste et en plus exigu. Le toit et les fenêtres résistent mal aux eaux de pluie qui sont une menace permanente pour les documents.

Mobilier

Les rayonnages, pour la plupart en bois, sont branlants, ils supportent mal leur charge de livres. Les tables et les bancs de la salle de lecture, non seulement sont insuffisants, mais sont d’un style sans goût, lourds et inconfortables ; il n’y a presque pas de bureaux pour les agents de la bibliothèque et il y a une seule armoire métallique dans le bureau du directeur.

Fournitures et Équipement

Fiches, fichiers, adhésifs et colles, matériel de reliure, étiquettes, appareils de reprographie, etc., sont autant d’instruments de travail qui, ou n’existent pas ou ne répondent plus aux normes requises.

Acquisitions

Les achats de livres et les abonnements aux périodiques sont arrêtés, les derniers crédits alloués remontent en 1972. Les collections augmentent leur volume, uniquement par dons de quelques organismes internationaux (Unesco, O.M.S., etc.) et pays amis (notamment ceux de l’Est). Combien le fonds actuel contient-il de volumes? Aucun inventaire sérieux n’a été mené juqu’ici ; disons qu’il y a au moins 25 000 ouvrages ; ce fonds est en totale insécurité, les pertes se multiplient d’année en année : vols, prêts qui ne rentrent pas, détérioration par usage, etc.

Personnel

Constitué pour une bonne part d’instituteurs ou professeurs, c’est un personnel au rendement très réduit, parce que mal encadré et ne possédant ni la formation requise, ni l’outillage nécessaire pour s’exercer. Signalons aussi la présence de quelques employés inaptes à tout travail en bibliothèque. Mais le pire est que la Direction de la Bibliothèque Nationale n’a jamais bénéficié des services d’un vrai professionnel.

C’est là, brossée à grand trait, la triste situation de la Bibliothèque Nationale. Pour le moment, la Bibliothèque Nationale attend toujours d’être fixée sur son sort.
A mon avis, deux solutions sont possibles : Ou fermer la Bibliothèque Nationale, ce qui est peu probable, inadmissible même pour tous ceux qui croient, à raison, que ce service est l’un des attributs de notre souveraineté et qu’à ce titre, il ne saurait être question de la supprimer, ou mieux, décider résolument de la moderniser, c’est-à-dire construire des locaux neufs (reprendre au besoin le plan dressé par un expert de l’Unesco), former le personnel dans des écoles spécialisées et rendre à ce service son autonomie financière et administrative.
Pourrions-nous voir pour les besoins de la cause quelques personnages influents du pays chercher à inscrire la Bibliothèque Nationale parmi les priorités des priorités du redressement économique et social de la Guinée ? J’en doute, car le premier intellectuel guinéen rencontré vous dira sans fausse honte : « Bibliothèque, connais pas ? Des bouquins, je n’ai que faire, j’ai des problèmes plus pressants ».

Walaoulou Bilivogui
Horoya no 273, samedi 15 mars 1986

Le Centre d’Etude et de Documentation
Universitaire Scientifique et Technique (CEDUST)

Résultat de la Coopération Guinéo-libyenne, il a été créé le 3 janvier 1980. Ce Centre est un centre guinéen placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Il est ouvert aux professionnels et aux étudiants. La vocation est d’apporter aux Guinéens un soutien à toute activité scientifique et technique. 27 personnes travaillent au CEDUST. 5 707 lecteurs dont 1 121 inscrits en 1985, 100 lecteurs par jour.
Le CEDUST a élaboré deux fichiers : « auteurs anonymes » et « matières ».
Un fichier systématique C.D.V. est en cours d’élaboration.

Documentation-bibliothèque

Le fonds documentaire comprend 5 000 ouvrages de haut niveau et 138 périodiques vivants très spécialisés à la disposition des lecteurs, en consultation sur place.
Des catalogues d’éditeurs sont diffusés au public qui participe ainsi à l’élaboration des commandes. 250 000 FF en 1985, ont été consacrés à l’achat de monographies et 70 000 FF aux abonnements périodiques.
Le CEDUST élabore actuellement un fonds orienté sur la Guinée : ouvrages de références, articles de presse, etc.

Echanges scientifiques

Au moyen de conférences, séminaires, expositions, le CEDUST est un lieu de rencontre où les scientifiques guinéens et français échangent leurs expériences et se familiarisent avec les techniques les plus avancées (cf : le Séminaire du GRET sur« les Énergies Renouvelables»).
Le CEDUST publie un bulletin trimestriel où apparaissent les listes de nouveautés de livres et périodiques, ainsi que les interventions faites au cours des Séminaires.
Les chercheurs, pour une demande en documentation précise et inacessible en Guinée, ont recours au service d’information du CEDUST en relation avec la Cellule Relais CEDUST de Paris (Appui documentaire livres, périodiques, bibliographies) et le Centre de Documentation Scientifique et Technique du Centre National de la Recherche Scientifique et Technique qui fournit des photocopies d’articles, de livres, etc. Des cours de formation en bibliothéconomie sont donnés au CEDUST tous les samedis. Une trentaine d’élèves, issus des différents ministères guinéens, sont ainsi initiés à la gestion des bibliothèques.

Le Service Audiovisuel

Le CEDUST est doté d’un service audiovisuel depuis janvier 1984. Il répond aux besoins liés aux programmes universitaires par des prêts de films scientifiques et techniques. Les principaux fournisseurs sont S.F.R.S. et INTERMÉDIA. Les catalogues des différents fournisseurs sont consultables sur place.
Le CEDUST organise des expositions. Il s’agit pour le Service Audiovisuel d’aller au devant des utilisateurs en leur proposant des thèmes tels que l’océanographie, l’énergie solaire, les risques géologiques, etc. Des séances de projection de films de 16 mm et en vidéo sont programmés lors de ces expositions.
Deux antennes CEDUST sont implantées en Province : celle de Kankan comporte 727 ouvrages scientifiques et techniques pour 250 lecteurs quotidiens.
Celle de Labé possède 525 livres pour environ 50 lecteurs inscrits.
Il est prévu également d’implanter deux antennes à Boké et à Kindia.

Centre National de Documentation et d’Information pour le Développement Rural (C.N.D.I.D.R.)

Ouvert en février 1980, le Centre compte 33 employés. Le fonds est documentaire : 32 revues d’agronomie, 2 278livres portant sur l’Agriculture, la Pêche, les Eaux et Forêts, l’Agronomie, l’Agro- Alimentaire. Les documents sont en accès indirect, classés selon le système «Agris». Consultation sur place. L’accroissement du fonds a été en 1985 de 500 livres.
Le C.N.D.I.D.R. publie deux revues : Le Bulletin Info-Rural et le Le Bulletin CARIS ; trois fichiers : « Auteurs et Anonymes », « Matières » et « Titres ».