Loffo Camara : victime-martyre de Sékou Touré

Mme. Loffo Camara, membre du Bureau politique national, prononce une allocution au 5e congrès du Parti démocratique de Guinée.

Loffo Camara, infirmière sage-femme, fut l’une des membres pionnières du Parti démocratique de Guinée. Elle devint, en janvier 1963, la première femme à siéger au sein du gouvernement de la République de Guinée. Elle cumula cette fonction avec celle de membre du Bureau politique national du parti.

Quelques jours après l’attaque de commandos de l’armée coloniale portugaise contre Conakry en décembre 1970, Mme Camara fut  arrêtée et accusée de complicité avec les assaillants.

Quelques semaines plus tard, le 25 janvier 1971, cette musulmane qui avait fait son pèlerinage aux Leux Saints,  fut sommairement exécutée par un escadron de la mort qui la cribla de balles à b out portant, elle et ses co-suppliciés, dont Elhadj Habib Tall, descendant d’Elhadj Oumar Tall, ancien député, ancien vice-président de l’Assemblée Territoriale/Nationale (1957-1960), ex-directeur de cabinet du ministère de la Défense et de la Sécurité (de 1961 à 1963 sous Fodéba Keita), ex-gouverneur de Conakry.
Dans sa volonté effrénée de réécrire l’histoire politique de la Guinée, Sékou Touré colla, après le référendum du 28 septembre 1958, l’étiquette “Indépendant” à Barry III et à Habib Tall.
En fait, ces deux victimes programmées, étaient bien ancrées dans leur formations respectives, et rivaux effectifs du PDG. Ils avaient battu le parti de Sékou Touré dans leurs fiefs : Tall Habib, leader de l’Union des Toucouleurs à Dinguiraye et Barry III, dirigeant de la Démocratie Socialiste de Guinée (DSG) affiliée la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) à Pita. Leur victoire empêcha le PDG de rafler toute la mise et de se contenter de 57 sièges sur 60, Barry III ayant obtenu deux postes et Habib Tall, un. Pour Sékou Touré, qui avait depuis longtemps developpé, sa conception totalitaire et pathologique du pouvoir, ses deux concurrents avaient commis un “crime”.

Quartorze ans plus tard, il ruminait toujours sa vengeance. Il l’aassouvit finalement en les faisant assassiner en janvier 1971, après un simulacre de procès en leur absence et un total déni de justice pour eux et leurs co-accusés.

Le peloton d’exécution comprenait un de ses anciens collègues, Mamadi Keita, professeur de philosophie, membre du Bureau politique et ministre, demi-frère adoptif d’Andrée Touré.

[Lire Du slogan éploré au combat justicier

De gauche à drote, Mmes Loffo Camara (à côté du secrétaire au bonnet blanc), Jeanne-Martin Cissé, Mafori Bangoura (au micro) à Conakry, circa 1962Gouvernement de Guinée, 3 janvier 1963. Mme Loffo entre dans les annales de l’Histoire en devenant la toute première ministre de la Guinée post-coloniale. Sur la photo, au premier rang, Sékou Touré, président de la république et chef du gouvernement. 2e rang, de g. à drr. Fodéba Keita, Moussa Diakité, Louis Lansana Béavogui, Saifoulaye Diallo, Mme Loffo Camara, Balla Camara, Alpha Amadou Diallo; 3e rang, de g. à dr. Alassane Diop, Fodé Cissé, Dr. Roger Najib Accar, Dr. Seydou Conté, Sory Barry, Ismael Touré, 4e rang, de g. à dr. Fodé Mamoudou Touré, Ibrahima Barry III, NFamara Keita, Abdourahmane Dalen Diallo,Mme. Camara Loffo, quelques jours avant de tomber sous les balles d’un peloton d’exécution commandité par Sékou Touré le 25 janvier 1971

Mme. Loffo fut abattue le même jour —et peut-être dans le même lot — que son frère, Sékou Camara, ancien gouverneur de région, ancien ambassadeur, membre-pionnier du PDG, premier secrétaire général (avant la création des fédérations) de la sous-section de PDG-RDA de Labé.
Je souhaite qu’un jour les rapports et l’acharnement de Sékou Touré contre Beyla, à travers ces deux fils de cette région, soient documentés.
En attendant, je rappelle que Beyla fut, en 1953,  le premier poste électif de Sékou Touré, qui en devint le conseiller après la mort —subite voire suspecte — du titulaire, Kaman Camara. Félix Houphouët-Boigny, président du RDA, et Bernard Cornut-Gentil, gouverneur général de l’Afrique occidentale française (Dakar) firent le déplacement afin de battre campagne localement pour Sékou Touré.

Camara Sékou

Sékou Camara précéda indirectement Samba Safé Barry à ce poste. Tous deux périrent dans les geôles de Sékou Touré.

[Sur les relations homosexuelles présumées entre Sékou Touré et Bernard Cornut-Gentille, lire André Lewin, Ahmed Sékou Touré (1922-1984). Président de la Guinée de 1958 à 1984. Vol. 1, chapitre 15 et chapitre 16

Le successeur immédiat de Sékou Camara à la sous-section de Labé, feu Amadou Teliwel Diallo, fut jugé et condamné à une peine de prison avec sursis sur ordre de Sékou Touré à la fin des années 1970. Beau-frère de Saifoulaye Diallo, transfuge du B.A.G. de Diawadou Barry au PDG à l’élection législative de 1957, il était greffier au parquet et fut l’un des rédacteurs de la Constitution de 1958.

Emile Cissé, qui, utilisant des instruments contondants et tranchants, le mutila et le découpa vivant au Camp Soundiata Keita. C’est ce qui explique la publication d’une photo civile et non celle du prisonnier portant l’ardoise.’ src=’http://web.archive.org/web/20181214151638im_/https://i0.wp.com/www.webguinee.net/blogguinee/wp-content/uploads/2015/03/barry_samba_safe.jpg?resize=200%2C279′ alt=’Barry Samba Safé, instituteur, succesivement secrétaire fédéral de Labé, gouverneur de Kankan, où il fut arrêté en 1972. Il succomba à la torture par Emile Cissé, qui le découpa vivant au Camp Soundiata Keita. C’est ce qui explique la publication d’une photo civile et non celle du prisonnier portant l’ardoise.’ width=’200′ height=’279′>Barry Samba Safé, instituteur, succesivement secrétaire fédéral de Labé, gouverneur de Kankan, où il fut arrêté en 1972. Il succomba à la torture par Emile Cissé, qui le découpa vivant au Camp Soundiata Keita. C’est ce qui explique la publication d’une photo civile et non celle du prisonnier portant l’ardoise.

Plusieurs secrétaires fédéraux de Labé souffrirent de la détention et de la torture sur ordre de Sékou Touré. Parmi eux, Elhadj Amadou Laria Diallo (oncle de Saifoulaye Diallo), Elhadj Mamadou Labiko Diallo, (ami d’enfance et promotionnaire de Saifoulaye), Elhadj A. Baldé Tayre, etc.

 Tierno S. Bah

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Author: Tierno Siradiou Bah

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