Capitaine Moussa Dadis Camara

Selon Michel Kafando, président de la Transition, le Burkina Faso n’a rien contre Moussa Dadis Camara

[Lire “Ce ne sont pas les militaires qui commandent” au Burkina]

Autrement dit, les centaines de Guinéens abattus à bout portant le 28 septembre 2009 au stade par la soldatesque de l’ancien capitaine — alors chef de lajunte du CNDD — sont morts pour rien. Même chose pour les dizaines de femmes violées. Leur sort ne compte pas dans la conscience du M. Kafando et de ses collègues.

Ouagadougou continuera donc, en toute tranquillité, d’abriter un homme accusé de crimes de sang et de crimes contre l’humanité.
C’est cela l’Afrique post-coloniale, c’est-à-dire le profond mépris  pour la vie des citoyens, la banalisation du crime politique, la règle du plus fort, l’impunité, etc. La jungle, quoi !

Cela explique que le président Kafando et Isaac Zida, son Premier ministre en perte de vitesse, se soient résignés à avoir Blaise Compaoré comme leur voisin d’Abidjan.

Dès lors, Ouagadougou ne saurait reprocher à la Côte d’Ivoire d’héberger ce fugitif de la justice du Faso — ci-devant ancien président — contre lequel pèse au moins une double suspiscion d’assassinat dans la disparition successive de Thomas Sankara et de Norbert Zongo. Sans compter la gabégie financière, la corruption et l’appauvrissement des populations.

Les nouvelles autorités de Ouagadougou avaient évoqué l’éventualité d’une demande d’extradition de l’ancien dictateur. Il est clair qu’il s’agissait là d’un réflexe prématuré et peu réfléchi. Ajourd’hui, nous savons qu’une pareille demande ne sera pas formulée par le régime de la Transition. Le contraire me surprendrait agréablement, toutefois !

De toutes les façons la démarche est d’avance vouée à l’échec face au soutien ferme du président Alassane Ouattara à Blaise Compaoré et à sa famille.

Quant à Moussa Dadis, — malgré l’agitation démagogique et vaine de son avocat à Conakry — il peut ”se la couler douce” à Ouaga aussi longtemps qu’Alpha Condé sera le président, ”démocratiquement” élu, flagramment incompétent et hautement irresponsable de la République de Guinée.

Tierno S. Bah

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Michel Kafando : “Ce ne sont pas les militaires qui commandent” au Burkina Faso,” rassure le président de la Transition.

On croyait Michel Kafando, le président de la transition du Burkina, condamné à jouer les seconds rôles en attendant les élections. C’est pourtant son Premier ministre, le lieutenant-colonel Zida, qui est en difficulté, pas lui, diplomate quasi inconnu il y a encore trois mois.

Lorsque son nom est sorti du képi des militaires en novembre 2014, personne ne donnait cher de sa peau. À première vue, Michel Kafando, diplomate retraité, inconnu du grand public, ne pesait pas bien lourd face au lieutenant-colonel Zida, patron de l’après-Compaoré nommé à la tête du gouvernement de transition. Dans le binôme bancal qu’il était appelé à former avec le Premier ministre, le président était perçu comme le maillon faible.

Puis les semaines ont passé. Kafando s’est peu à peu fait à son costume de chef d’État. De Dakar à Addis-Abeba, son expérience diplomatique, accumulée sur son fauteuil d’ambassadeur du Burkina Faso auprès des Nations Unies, de 1981 à 1982 puis de 1998 à 2011, a fait mouche. Ceux qui ont eu à le croiser le qualifient volontiers de “compétent” et de “rigoureux”.

A 72 ans, cet homme solidement charpenté a progressivement imposé l’image d’un président au-dessus de la mêlée. À Zida la gestion des affaires quotidiennes, à lui les grandes orientations devant mener au but ultime de la transition : l’organisation des élections fixées au 11 octobre prochain (et auxquelles il ne pourra pas se présenter). Longtemps tenu à l’écart des sujets militaires, réservés à son chef de gouvernement, Michel Kafando a été contraint de s’y intéresser, le 4 février dernier, pour sauver la tête de ce dernier face au très puissant régiment de sécurité présidentiel (RSP). Le tandem est désormais rééquilibré : le chef de l’État devait sa nomination à Zida, Zida lui doit aujourd’hui son maintien en poste.

Détendu et courtois, le président du Faso a répondu à toutes nos questions. Certaines l’ont gêné, comme celles sur la réouverture des affaires Sankara et Zongo. D’autres révèlent une personnalité réfléchie qui n’hésite pas à remettre à l’ordre du jour certains leitmotivs sankaristes (“il faut que le Burkina soit réaliste et vive à la hauteur de ses moyens”). Sans s’attarder sur le fait que, dans les années 1980, c’est plutôt du côté de la contre-révolution que son coeur penchait.

Jeune Afrique : Le 4 février, le régiment de sécurité présidentiel (RSP) a engagé un bras de fer avec le Premier ministre Isaac Zida et a réclamé sa démission. C’est la crise la plus grave traversée par la transition depuis sa mise en place…

Michel Kafando, président de la Transition

Michel Kafando : Il y avait en fait déjà eu une première crise, le 30 décembre 2014. Le lieutenant-colonel Zida, qui est aussi ministre de la Défense, avait fait des promesses pour la désamorcer [l’une d’elle concernait le choix du chef d’état-major particulier du chef de l’État, un poste très convoité]. À l’expiration du délai, les troupes se sont impatientées. Pour ma part, j’ai réuni les chefs militaires pour leur parler le langage de la raison et pour leur enjoindre de reprendre les négociations avec le Premier ministre. J’ajoute que j’ai décidé de créer une commission qui sera chargée de plancher sur le rôle futur du RSP. J’attends ses conclusions.

Les revendications du RSP ont été acceptées. Cela signifie-t-il que c’est lui qui dirige le Burkina aujourd’hui ?

Ses revendications ont été acceptées, c’est vrai, mais cela ne signifie pas que le RSP jouera, de ce fait, un rôle prépondérant, loin s’en faut ! Vous avez vu que, le 7 février, la classe politique, la société civile et les forces vives ont réclamé sa dissolution pure et simple.

Quel a été le rôle de Gilbert Diendéré, le patron du RSP, durant ces jours de crise ? Faut-il lui confier des fonctions au sein du régime de transition dans les semaines à venir ?

Le général Diendéré a participé aux négociations, au même titre que les autres généraux. Pour les fonctions à lui confier, je suis en train d’étudier la question.

En décembre, lors d’une conférence de presse, vous avez assuré que vos relations avec le Premier ministre étaient bonnes. Est-ce toujours le cas ?

C’est toujours le cas, et je ne sais pas pourquoi vous, les journalistes, vous vous acharnez sur ce sujet. Tout a été dit sur cette question-là, et cela me fait rire que l’on y revienne tout le temps.

Vous êtes à la tête de la transition depuis maintenant trois mois. Qu’est-ce qui est le plus difficile au poste qui est le vôtre ?

C’est sans doute de faire comprendre à la population qu’il faut être patient. Lorsqu’un pouvoir est issu d’une insurrection comme c’est le cas au Burkina Faso, les gens ont tendance à penser que la transition doit vite régler tous les problèmes. Or il a d’abord fallu restaurer la continuité de l’État, qui s’était arrêté pendant deux semaines, faire redémarrer l’économie, assurer la sécurité des Burkinabè… Mais les jeunes voulaient que l’on aille vite, que l’on procède à des limogeages et à des arrestations, que l’on empêche tous ceux qui étaient liés à l’ancien régime de continuer à jouer un rôle. Nous avons passé beaucoup de temps à expliquer ce que nous faisions. Aujourd’hui, il y a encore un peu de contestation, mais c’est normal compte tenu de ce que nous avons traversé.

La rue a tout de même déjà obtenu la tête de deux ministres, Adama Sagnon et Moumouni Diéguimdé. Tous deux ont été contraints à la démission…

C’est parce que nous avions déjà été soumis à la même pression pour former rapidement un gouvernement — je vous l’ai dit, la rue est toujours pressée. Nous avons donc été obligés de faire appel à des gens dont nous n’avions pas forcément pu vérifier la crédibilité. Il s’est avéré par la suite que certains s’étaient plus ou moins compromis avec l’ancien régime. Avouez que ce n’est pas facile, lorsque vous arrivez au pouvoir dans de telles circonstances, d’être sûrs des gens avec lesquels vous composez ! Nous avons donc procédé à des ajustements, mais ce n’est pas une honte que de reculer. Il faut savoir reconnaître ses erreurs pour pouvoir les corriger, et le faire avec discernement, sans se livrer à une chasse aux sorcières.

Les attentes en matière de lutte contre la corruption sont très fortes. Faut-il, par exemple, demander des comptes à François Compaoré, le frère de l’ancien président, ou à sa belle-mère, Alizéta Ouédraogo, deux piliers de l’ancien régime soupçonnés d’avoir mis la main sur des pans entiers de l’économie ?

Nous ne pouvons juste montrer des gens du doigt et dire qu’il faut les arrêter. Il faut avoir des preuves pour agir, et c’est pour cela que nous procédons actuellement à des audits de certaines administrations et des grandes entreprises publiques. Nous avons également nommé un contrôleur général d’État, Luc Marius Ibriga, un professeur qui a participé activement à l’insurrection. Il a commencé à enquêter.

La justice était aux ordres de l’ancien régime. Comment la rendre indépendante ?

Nous avons trouvé un appareil judiciaire en mauvais état. Il y a beaucoup de procédures à revoir. Des états généraux de la justice vont se tenir fin mars et, dans ce cadre-là, nous verrons quelles sont les réformes à entreprendre.

Doit-on en déduire que les dossiers Sankara [le chef de la révolution burkinabè tué en 1987] et Zongo [un journaliste assassiné en 1998], dont vous aviez annoncé la réouverture, vont devoir attendre ?

Ce sont des sujets dont je ne veux pas avoir à reparler encore et encore. Laissez-moi seulement vous dire que nous sommes dans deux cas de figure différents. Dans le cas de l’affaire Zongo, il faut reprendre l’enquête, alors que dans le dossier Sankara, la famille a déjà porté plainte. L’affaire est désormais dans la voie contentieuse.

Les élections auront lieu le 11 octobre. Le fichier électoral pourra-t-il être mis à jour d’ici là ?

Oui, puisqu’il suffit de mettre à jour le fichier existant, qui ne pose pas de problème particulier, pour tenir compte par exemple des enfants qui arriveront à majorité au moment du scrutin. Ce travail va se faire très rapidement, sans doute d’ici à la fin du mois de février.

Quel est le budget prévu pour les élections ?

L’estimation avoisine les 60 milliards de F CFA [environ 90 millions d’euros] pour la présidentielle et les législatives. Le gouvernement pourra mettre 25 milliards sur la table. Pour le reste, nous pensons que réunir les 35 milliards manquants ne sera pas trop difficile compte tenu des promesses que nous ont faites nos partenaires bilatéraux et les institutions financières internationales.

Fin janvier, en marge du sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba, vous avez choisi de dévoiler votre salaire mensuel devant la communauté burkinabè [1,5 million de F CFA par mois]. Pourquoi ?

Parce que les gens attendent de nous davantage de transparence et que je n’ai rien à cacher. D’une manière générale, les membres de la transition ont dû s’accommoder de salaires beaucoup plus modestes que ce qui était fait avant, et nous sommes en train de prendre des mesures pour réduire le train de vie de l’État. Les fins d’année sont, par exemple, des périodes où l’on organise traditionnellement beaucoup de dîners et de réceptions officielles dans les ministères et dans les entreprises publiques. Mais tout cela a été supprimé. Il faut que le Burkina soit réaliste et vive enfin à la hauteur de ses moyens. Nous ne sommes pas riches au point de nous permettre des dépenses qui ne se justifient pas.

Cela veut-il dire qu’il faut s’attendre à plus d’austérité ? Ne craignez-vous pas que cela rebute les investisseurs étrangers ?

Non, l’austérité suppose une conjoncture difficile qui nous oblige à nous serrer la ceinture. Ce n’est pas le cas. Il faut seulement se conformer à ce qu’est notre pays et faire en sorte que l’on ait davantage de justice sociale — c’est ce que veulent les Burkinabè ; ils ont été très clairs pendant l’insurrection. Pour le reste, nous n’avons aucun problème avec les investisseurs, que nous continuons à recevoir et qui veulent toujours travailler avec nous, dans le domaine des mines notamment. Je précise d’ailleurs que nous allons réformer le code minier, parce qu’il était injuste. Le projet de loi va être transmis au Conseil national de la transition.

Parlons diplomatie sous-régionale. Cela pose-t-il un problème au Burkina que la Côte d’Ivoire accueille sur son sol Blaise Compaoré ?

Non. Nos relations sont depuis longtemps empreintes de fraternité et d’amitié — et rien n’a changé. N’oubliez pas que la Côte d’Ivoire est la seconde patrie de nos ressortissants, qui y sont près de trois millions. Je vous assure que nous n’avons jamais fait de difficultés au président Ouattara ou au gouvernement ivoirien concernant la présence de M. Compaoré. Jamais.

Moussa Dadis Camara

Avez-vous prévu de bientôt vous y rendre ?

Oui, ne serait-ce que parce que nous sommes liés à la Côte d’Ivoire par un traité d’amitié qui prévoit que, cette année, la rencontre aura lieu là-bas.

Et rencontrerez-vous le président Compaoré ?

Je n’en vois pas la nécessité. Pas pour l’instant.

Autre personnalité exilée : Moussa Dadis Camara, l’ancien chef de la junte guinéenne. Est-il toujours le bienvenu à Ouagadougou ?

Oui, et il peut rester aussi longtemps qu’il le souhaite, nous n’avons rien contre lui. D’ailleurs, il m’a même rendu visite il y a quelques semaines.

Souhaitez-vous jouer un rôle de médiateur sous-régional, comme le faisait Blaise Compaoré ?

J’ai donné l’assurance au président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, que nous allions de nouveau participer activement aux négociations d’Alger. Le Burkina va reprendre sa place, c’est une certitude.

Vous n’étiez pas dans les meilleurs termes avec Sankara. Vous êtes parti à l’étranger après son arrivée au pouvoir. Y a-t-il des valeurs qu’il défendait dont vous êtes malgré tout nostalgique ?

Entre Sankara et moi, il n’y a eu que quelques divergences personnelles, c’est tout. J’ai été son ministre des Affaires étrangères [de septembre 1982 à août 1983, quand Sankara était le Premier ministre du président Jean-Baptiste Ouédraogo]. Et ce que nous faisons aujourd’hui, qui est basé sur la notion de progrès, n’est pas loin de ce que nous défendions à l’époque. Sauf que les mentalités ont changé, que le Burkina d’aujourd’hui est plus matérialiste, alors qu’en 1983 nous avions à coeur de servir d’autres idéaux.

Que ferez-vous après le 11 octobre ?

Quand on est venu me chercher, je vivais paisiblement dans ma ferme. Je n’aspire qu’à y retourner.

A. Kappès-Grangé et B. Roger
Jeuneafrique.com

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Moussa Dadis Camara serait devenu démuni à Ouagadougou. Son exil ne serait plus doré, insouciant et plaisant .

[Lire Dadis cool, en villégiature à Ouaga

C’est du moins l’annonce faite par son avocat-défenseur, Me Jocamey Haba. Dans une interview parue récemment dans le journal L’Indépendant, il a déploré la précarité financière de son client. L’information est relayée par le site Africaguinée .

L’avocat dépeint brièvement la retraite matérielle de l’ex-chef du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), la junte militaire qui succéda au Général Lansana Conté en décembre 2008.
Les jérémiades et les griefs sont formulés en trois paragraphes :

« Concernant les conditions de vie de mon client, il ne bénéficie d’aucune  aide de l’Etat guinéen. J’ose vous dire que s’il vit, c’est grâce aux maigres privilèges qui lui sont accordés  par son statut de militaire, en tant que fonctionnaire de l’Etat. Il ne bénéficie que de cela. S’il  a d’autres sources de revenus, ce sont bien les aides, les dons qui lui sont accordés par l’Etat burkinaBHe. Cela n’honore pas  la Guinée. Ça affecte  l’image de notre président d’aujourd’hui, l’image de toutes les institutions, de tous les Guinéens, que de penser qu’un ancien chef d’Etat qui officiellement se trouve en convalescence dans un autre Etat, soit une charge pour cet Etat hôte. Qu’il soit une charge pour lui-même. Nous vivons dans un Etat de droit où tout est réglementé. Il y a une disposition de la constitution qui est claire, et la constitution, c’est quand même l’acte fondateur  de la République. »

Me Haba invoque ensuite l’article 44 de la Constitution, qui stipule :

« Les anciens présidents de la République prennent rang protocolaire immédiatement après le président de la  République dans l’ordre d’ancienneté de leurs mandats, et avant le président de l’Assemblée nationale. Ils peuvent être chargés de mission spéciale par le président de la République. Ils bénéficient d’avantages matériels et d’une protection dans les conditions qu’une Loi Organique détermine. »

L’avocat termine en ponctuant :

« Le président Dadis a posé des actes pour les Guinéens. Je vois vraiment mal qu’un tel président, qu’un tel ancien chef d’Etat  ne puisse pas bénéficier de cela. C’est une honte pour la Guinée. Cela ternit l’image de la Guinée devant le Burkina qui est le pays hôte du capitaine. Et ça n’honore pas nos institutions, ça n’honore pas notre président qui, lui même  président aujourd’hui, demain, deviendra ancien président. »

Je passe ici en revue la sortie médiatique de Me Haba.

L’exil doré

En 2012, Jeune Afrique publie le reportage mentionné sur Dadis mentionné ci-dessus. On y lit :

« Aujourd’hui, Moussa Dadis Camara est bien décidé à profiter de la vie.
La règle, c’est d’être bien accompagné. Toujours. Nous sommes le 10 mars au soir et, lorsqu’il pénètre dans le restaurant Princesse Yenenga Lodge, à Ouagadougou, six jolies femmes le précèdent.
Avec son épouse, Jeanne Saba, et deux de leurs enfants, il a pris ses quartiers dans une luxueuse résidence de Ouaga 2000, la Villa des hôtes, non loin de la présidence. Quelques mois après son arrivée, il a réclamé une arme, qui lui a été refusée, mais un véhicule 4×4 a été mis à sa disposition.
L’ancien capitaine guinéen est systématiquement invité aux cérémonies officielles — Compaoré y a veillé. A la demande de Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier du chef de l’État, des soldats de la sécurité présidentielle assurent sa protection… jusque dans ces restaurants, bars et boîtes de nuit que Dadis — les poches pleines de billets — fréquente assidûment.
— C’est vrai qu’il connaît tous les endroits “chauds” de la ville et qu’on se demande comment il fait pour tenir, sourit un proche du président burkinabè. Un jour, certains de ses gardes du corps étaient tellement fatigués qu’ils ont demandé à être relevés. »

L’article de Jeune Afrique précise que Dadis “ne tarit pas d’éloges sur le “bienfaiteur” Compaoré.”

En plus de la générosité de son hôte, Dadis bénéficiait aussi des fonds que lui déposait le président Alpha Condé. Et l’opposition politique —tous bords confondus— ne voulut pas être de reste. Le 14 avril, tous les partis se ruèrent vers Nzérékoré pour consoler Dadis, venu pour l’enterrement de sa mère. Jeune Afrique résuma l’évènement en un sous-titre : ”Bilan du retour quasi triomphal de l’homme accusé d’être responsable des massacres du 28 septembre 2010.

[Lire Nzérékoré. On se Lève tous pour Dadis

La cour à Dadis rebondit en août dernier avec la visite du chef du parti Libéral à l’homme de main et dauphin de Lansana Conté

[Lire Le Libéral chez le Putschiste

Chute de Blaise = impécuniosité de Dadis ?

Toutefois, les ans et les mois se suivent mais ne se ressemblent pas. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis la publication du reportage de Jeune Afrique. Et les choses se sont précipitées aux dépends de Dadis avec la chute et la fuite, inattendue et spectaculaire, de Blaise Compaoré. Les nouvelles autorités ont un moment annoncé l’éventualité d’une demande d’extradition de l’ancien président pour qu’il comparaisse en justice. Mais il semble qu’elles se soient ravisées, d’autant plus que les frictions internes ont failli entraîner le départ du Premier ministre Isaac Zida.

Apparemment le régime de la Transition continue de couvrir les frais de séjour de l’exilé. Mais l’on devine que la période des vaches grasses est désormais révolue.  Finies les sorties fracassantes et les largesses dans les boîtes de nuit huppées et les bars chics de Ouagadougou.

Conakry lui verse également ce que l’avocat considère comme des “maigres privilèges reconnus à son statut de militaire, en tant que fonctionnaire de l’Etat.” Mais cela n’est pas suffisant pour Dadis, qui avait l’habitude de faire des descentes sur la Banque Centrale et de rafler de l’argent sans compter. D’où la frustration de l’avocat et de son client.

“L’honneur” de la Guinée

Profitant de l’interview, Me Haba continue son plaidoyer et annonce, l’air sérieux  :

« Cela n’honore pas  la Guinée. Ça affecte  l’image de notre président d’aujourd’hui,  l’image de toutes les institutions, de tous les Guinéens, que de penser qu’un ancien chef d’Etat qui officiellement se trouve en convalescence dans un autre Etat, soit une charge pour cet Etat hôte. Qu’il soit une charge pour lui-même. »

Ici, le zèle professionnel et l’amnésie personnelle poussent Me Haba à oublier que Capitaine Moussa Dadis s’impose à la tête de son CNDD par la force des baïonnettes et non par le bulletin de vote. Dans une correspondance en date du 21 janvier 2009, Human Rights Watch évita délibérément et correctement le titre Chef de l’Etat réclamé aujourd’hui par Me Haba. L’organisation humanitaire s’adressa Moussa Dadis par son grade de capitaine et son titre —non reconnu— de Président du Conseil national pour la démocratie et le développement. De fait, peu de pays reconnurent le régime du CNDD.

Et au plan intérieur, la joie qui salua son irruption sur la scène publique céda vite à la déception et à l’hostilité.
Me Haba parle d’honneur du pays. Il se tait, par contre, sur le comportement parjure et renégat du petit capitaine, qui jura sur la Bible et le Qur’an qu’il n’avait pris le pouvoir que pour assurer une transition pacifique vers des élections législatives et présidentielle libres.
Hélas, ayant trahi son engagement public il s’attira la malédiction de populations éreintées par les 24 ans de dictature militaire de Lansana Conté.
Pis, le Cardinal Sarah —l’eminent fils de Youkounkoun/Koundara— s’envola de Rome pour Conakry. L’objectif de son audience avec Dadis était simple et noble. Il mit le chef de la junte en garde trois fois :
— Surtout, ne tuez pas !
C’était en août 2009. Le capitaine approuva et acquiesça à chaque  injonction et imploration du prélat.

[Lire Cardinal Sarah président du Conseil Pontifical

Mais le mois suivant, le 28 septembre, il fit massacrer des centaines de  manifestants pacifiques au stade sportif de Conakry. Ivres et drogués, ses tueurs  violèrent des dizaines de femmes en public. Insatisfaits et non-repus, ils se saisirent et emportèrent certaines survivantes dans des maisons secrètes où ils abusèrent d’elles pendant trois jours.

La péroraison de Me Haba est encore plus révélatrice de sa conception tortueuse du Droit. En effet, il conclut  :

« Le président Dadis a posé des actes pour les Guinéens. Je vois vraiment mal qu’un tel président, qu’un tel ancien chef d’Etat  ne puisse pas bénéficier de cela. C’est une honte pour la Guinée. Cela ternit l’image de la Guinée devant le Burkina qui est le pays hôte du capitaine. Et ça n’honore pas nos institutions, ça n’honore pas notre président qui, lui même  président aujourd’hui, demain, deviendra ancien président. »

Cet avocat jouit peut-être le bagout professionnel.  Mais il exhibe surout du culot et de l’outrecuidance en:

  • parlant de l’honneur de l’Etat guinéen, qui est celui du Camp Boiro et de l’impunité des quatres successeurs/imitateurs de Sékou Touré (Lansana Conté, Moussa Dadis Camara, Sékouba Konaté, Alpha Condé)
  • cherchant à noyer le poisson à propos “d’actes posés par Dadis” sans prendre la peine de préciser lequels. Je voudrais combler son trou de mémoire en lui rappelant le souvenir des victimes de Dadis.

Peut-être se moque-t-il et banalise-t-il cette tragédie immonde. Mais qu’il sache que tous les Guinéens n’ont pas sa mémoire courte et sélective. Au contraire, la plupart réclament que Moussa Dadis Camara et ses co-accusés répondent devant un tribunal des charges (crimes des sang et crimes contre l’humanité) qui pèsent contre eux. Il faut que justice soit faite.
Y’en a marre du louvoiement, de l’hypcrisie et de l’impunité !

[Lire Il y aura une justice natinoale

Quel Etat de droit ?

Me Haba proclame :

 « Nous vivons dans un Etat de droit où tout est réglementé. Il y a une disposition de la constitution qui est claire, et la constitution, c’est quand même l’acte fondateur  de la République. »

Une fois retombé de son élan oratoire et après avoir remis les pieds sur terre, Me. Haba s’est peut-être rendu compte de l’absurdité de son affirmation. Car non seulement il se trompe, mais il induit délibérément d’autres personnes en erreur.

Déshonnête et spécieux, son argument voudrait ignorer les 57 années catastrophiques que le pays continue de traverser.  Car la Guinée, capitale Conakry,  n’est pas un Etat de droit. Et elle ne l’a jamais été. A ce jour, toutes les occasions  d’explorer la voie démocratique ont avorté et échoué. En dépit des promesses initiales, qui, tour à tour,  furent systématiquement violées.
C’est notamment le cas avec la triste expérience en cours, marquée par l’incompétence et l’irresponsabilité du Président Alpha Condé.
Ce fut le cas avec Moussa Dadis Camara en 2008.
Idem pour Lansana Conté en 1984.
Et le 25 août 1958, devant son hôte, Général Charles de Gaulle, le futur président Sékou Touré [le Ahmed viendra en 1962 à la suggestion de l’Egyptien Gamal Abdel Nasser], s’écria  :

« Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage. »

Hélas, les termes de la formule ont été inversés. Et la terrible loi des conséquences inattendues a implacablement  exaucé le voeu de Sékou Touré…
Résultat :  depuis son accession à la souveraineté jusqu’à ce jour, la Guinée n’a connu que la pauvreté dans l’esclavage (de la dictature et de la corruption). Elle a raté la liberté et l’opulence, que la justice et la démocratie créent !

Tierno S. Bah

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Scène de torture au Camp Boiro. (Source. Association AVRE : Aide aux Victimes de la Répression en Exil)

Le projet du Musée Virtuel du Camp Boiro est-il faisable ? Ou alors est-ce un rêve impossible parce qu’irréalisable ?

Le nom attire immanquablement l’attention. Mais il est difficile d’y voir clair entre l’idée, le projet et le rêve. Pourquoi ? Parce qu’un musée signifie la présence d’objets matériels ou non-matériels à exposer. Il en dépend pour voir le jour et fonctionner.

Or la Guinée ne dispose pas d’archives nationales dignes de ce nom. J’ai brièvement travaillé avec Almamy Seth Conté, directeur national des Archives à Conakry. C’était en 2004. A l’époque la situation de l’institution était précaire. Les choses se sont-elles améliorées. Je n’en sais rien.

Mais, s’agissant du Camp Boiro, le pis n’a fait qu’empirer. A leur arrivée au pouvoir, sans coup férir, le 3 avril 1984 les militaires avaient trouvé toute la documentation du régime du PDG intacte. Depuis lors, Lansana Conté a veillé à la destruction systématique du Camp Boiro. Pièce par pièce, les bâtiments du  Bloc de la prison politique ont été nuitamment détruits. Ils ont aujourd’hui complément disparu.

A Conakry, les régimes successifs, de Lansana Conté à Alpha Condé, en passant par Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté, s’acharnent contre la mémoire collective et tiennent à effacer les traces de 26 ans de crimes sous la dictature de Sékou Touré.

Une confirmation de cette activité sournoise et criminelle en soi est confirmée par l’information sûre suivante :

[On a] construit trois latrines à l’emplacement où nous devions poser la 1ère pierre du futur Mémorial du  Camp Boiro (pose qui nous a été refusée)…. Oser poser ces trois WC sur ce lieu sacré, en plein milieu du terrain réservé aux familles de victimes dans le Camp !!

Le message évident de cet acte consiste à dire que le régime d’Alpha Condé —et ceux qui l’ont précédé— se moquent du Camp Boiro. Au point qu’ils chient et pissent sur ce Goulag Tropical.

C’est grave de la part d’un président qui fut condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire en 1971 !

C’est encore plus désolant si l’on se rappelle qu’un peuple qui ignore son histoire est condamné à la répéter, notamment dans ce qu’elle a de plus négatif.

Faire renaître le Camp Boiro

Grâce à la révolution digitale, à Internet et à sa hyper-composante, le Web, tout n’est peut-être pas perdu cependant.

Il est concevable —mais est-il possible ? — de créer un Musée virtuel qui, tel Phénix, ferait renaître le Camp Boiro de ses cendres.

Les options sont les suivantes:

  • Etendre et enrichir mon Camp Boiro Memorial en y intégrant le Musée Virtuel
  • Créer un nouveau site Web consacré au Musée Virtuel

Les technologies Open Source sont flexibles et elles permettent l’adoption de l’une ou l’autre des deux voies ci-dessus.

Obstacles et embûches

Si outils numériques sont abondants et puissants, il en est autrement de leur usage social par les Guinéens, qui publient de nombreux sites web. Mais la plupart se concentrent sur le présent et mettent l’accent sur l’évènementiel. Cela est, dans une certaine mesure, positif. Puisque le quotidien d’aujourd’hui deviendra le passé pour les générations futures.

Mais le nom même “Musée virtuel du Camp Boiro’ signifie que l’on cherche à éclairer le passé, c’est-à-dire les 26 premières années de la république de Guinée. Cela, afin de chercher à répondre aux questions cruciales suivantes :

  • Quand ?
  • Qui?
  • Où?
  • Comment ?
  • Pourquoi ?

Les obstacles et les embûches sur le chemin de la réalisation d’un Musée virtuel du Camp Boiro sont nombreux. Car pour aboutir à cet objectif légitime, nécessaire et indispensable, il faut remplir les critères et satisfaire les conditions préalables suivants:

  • Financement et budget couvrant les dépenses fixes et récurrentes
  • Resources humaines
    • curateurs
    • écrivains
    • programmeurs / développeurs
    • vidéographes et cinéastes
    • artistes graphistes,
  • Collection du contenu (films, photos, publications écrites, enregistrements sonores, tenues de prisonniers, procès-verbaux, lettres, cartes, dessins, croquis, etc.)
  • Equipement informatique
  • Intégration logicielle
    • La plateforme Drupal offre un environnement robuste et fonctionnel pour le montage et l’exécution du projet

Comme on le constate, le passage du nom “Musée virtuel” à la réalité n’est pas chose aisée. D’une part, l’Etat, depuis 1984, a pris la décision cynique de raser les preuves incriminantes de la dictature. D’autre part, la société civile guinéenne n’a pas la volonté et les moyens de combler le vide délibérément créé par les autorités.

Ainsi, par exemple, depuis leur fondation il y a deux ou trois décennies, l’Association des victimes du Camp Boiro et l’Organisation guinéenne de droits de l’homme (OGDH_ n’ont pas de sites web. Et pourtant la Toile est le cadre approprié et amplificateur dans l’accomplissement de leur mission et le déploiement de leurs activités. Dans les autres pays du monde les institutions jumelles de ces deux associations, ont une présence web continue et efficace. Pourquoi les Guinéens ne font-ils pas comme leurs collègues d’Afrique et d’ailleurs ?

Ce rappel ne concerne pas que ces deux groupes aux intentions bien fondées. Par exemple, je me pose la question de savoir si l’AVCB et l’OGDH ont reçus —et reçoivent — un appui, si modeste soit-il, de la part de leurs concitoyens matériellement fortunés et qui disposnet de cash en surplus ? Ayant visité le siège de l’OGDH à Conakry, je suis porté à croire que cette organisation dépend de l’assistance extérieure. Elle ne compte pas sur des dons et des apports locaux. Même chose pour l’association du Camp Boiro.

Dans un contexte aussi débilitant, comment ne pas concevoir le Musée Virtuel du Camp Boiro, comme un rêve impossible.

Je souhaite vivement me tromper !

Tierno S. Bah
Camp Boiro Mémorial

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Portail du bloc de la prison politique et mouroir du Camp Boiro, 1984

Peut-il y avoir réconciliation sans qu’au préalable la justice soit faite ? J’ai déjà répondu clairement à cette question, qui a été reposée encore hier sur Facebook. Aujourd’hui comme hier, mon avis est catégoriquement NON !
Et je crois savoir et pouvoir dire que toute démarche dans ce sens est d’avance vouée à l’échec.

Des milliers de Guinéens, d’Africains et d’étrangers furent torturées, exécutée, et jettées dans des fosses communes, sans sépulture. Depuis, leurs âmes rôdent autour et hantent le pays, demandant, exigeant JUSTICE.

Tant que le cri et l’imploration posthumes de ces martyrs et victimes ignominieusement assassinés n’auront pas été entendus et satisfaits, que l’on ne s’étonne pas des calamités, malheurs et  tourments qui s’abattent sur la Guinée.

Cela dit, les crimes commis ne concernent pas que les familles. Ils continuent d’affecter toute la société. Il ne faudrait donc pas réduire les tragédies au niveau des torts familiaux subis et aux dispositions du droit et du Code CIVILS.

Au-dessus de cet aspect, il y a la dimension sociale qui est basée sur l’accusation indéniable portant sur des crimes de sang et des crimes contre l’humanité. On en arrive ainsi niveau du droit CRIMINEL, qui juge les accusés et impose des peines punitives proportionnelles.

Pour avoir commis des forfaitures similaires —à moindre échelle— Charles Taylor a écopé 50 ans de prison après un procès public et équitable. Durant et après son appel il chercha à éviter son sort en faisant état de l’utilité de la réconciliation. A son avis, une telle démarche aurait servi à panser les blessures mortelles qu’il infligea au peuple libérien. La Cour ne daigna même pas répondre à cette tentative de contourner la justice. La logique, ici, est que Charles Taylor aura tout le loisir de chercher la réconciliation à sa sortie de prison. Il sera alors âgé de plus de cent ans.

De même, entouré de ses avocats et faisant face aux juges de la CPI, Laurent Gbagbo attend son tour de comparaître devant le tribunal. S’il est condamné, ses partisans et lui-même devront différer la réconciliation et attendre qu’il purge sa peine d’abord.

Telle est la voie que la Guinée doit NECESSAIREMENT suivre.

Pas de deux poids deux mesures. La justice pour le Liberia et la Côte d’Ivoire doit être la même que pour la Guinée, qui doit punir ses bourreaux, conformément aux lois et traités nationaux et internationaux.

C’est la seule manière de mettre fin à l’impunité qui sévit dans le pays.

 Tierno S. Bah

PS. Messages postés sur ma page Facebook

1. Je voudrais demander a tous nos compatriotes de se donner des idees comment aborder cette phase finale qui mettrait en demeure notre gouvernement a commencer a consulter  les familles de ces victimes pour une eventuelle reconciliation nationale.

2. C’est tout le combat de l’Association des victimes du Camp Boiro et des autres organisations de la société civile. Mais, nous avons de plus en plus de difficultés  à nous faire entendre.

3. [On a] construit trois latrines à l’emplacement où nous devions poser la 1ère pierre du futur Mémorial du  Camp Boiro (pose qui nous a été refusée)…. Oser poser ces trois WC sur ce lieu sacré, en plein milieu du terrain réservé aux familles de victimes dans le Camp !!

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