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Alpha Mamadou Bah
Géographie. La République de Guinée.
Géographie humaine
Les populations guinéennes appartiennent essentiellement à la race noire. Au cours de leur histoire ancienne ou relativement récente, elles ont effectué de multiples brassages consécutifs aux migrations et aux conquêtes qui ont abouti à de nombreux métissages.
Généralement on divise les populations guinéennes en 3 ensembles comprenant chacun un certain nombre de groupes ethniques :
- Les populations autochtones ou Paléonigritiques
- Les populations mandingues ou Mandées
- Les populations peules ou Foulbhe
a &mdah; Les Paléonigritiques
Les Paléonigritiques sont ainsi appelés pour avoir été les premiers Noirs à s’être installés dans ce pays. C’était déjà d’excellents cultivateurs-chasseurs. Ils occuppaient en ordre dispersé les régions montagneuses de l’intérieur de la Guinée, jusqu’à l’avènement des immigrants qui les repoussèrent soit dans les bas-fonds encaissés des marches du Fouta-Djallon, soit dans la plaine côtière de la Basse Guinée, soit dans la région forestière.
Les principaux groupes ethniques parmi les populations paléonigritiques sont : Dans la région côtière :
- Les Nalous, vivant d’agriculture et de pêche sur les rives des Rios Compony et Nunez et dans les îles Tristao, région de Boké.
- Les Mikhiforè, vivent également des mêmes activités dans la région de Boké (Bintimodia, Kollaboui).
- Les Bagas, plus nombreux et plus dispersés que les deux précédents ; ils vivent depuis la presqu’île du Kaloum (Conakry) au Sud, jusque dans la région de Boké au Nord, en passant par Dubréka et Boffa. Les Bagas, réputés pour leur compétence dans l’agriculture et notamment dans la riziculture inondée sont émiettés :
- Bagas de Kaloum ou Bagas proprement dits (Kaporo, Ratoma)
- Baga-Forè
- Bagas-Sitemoui
- Landouma (Boké, Boffa, Dubréka)
- Les Mmani ou Mandenyi occuppaient naguère au Sud du Kakoulima toute la plaine jusqu’à la frontière de Sierra Leone. Il n’en reste plus que quelques représentants types dans les Iles de Kaback-Kakossa ainsi que dans l’arrière-pays de Benty, vers la Sierra Leone (Samo)
- Les Balantes sont originaires de Guinée-Bissao ; mais l’exploitation coloniale et l’insécurité dans ce pays les ont amené à s’infiltrer petit à petit dans la région de Boké, où ils se sont réinstallés.
En Moyenne Guinée
Des populations paléonigritiques typiques vivent dans les zones frontalières de Koundara et Gaoual où ils pratiquent l’agriculture, la chasse et l’élevage.
- Les Koniagui, très attachés à leurs coutumes ancestrales dont les éléments caractéristiques sont : l’animisme et l’organisation sociale en clans matrilinéaires ; ils vivent « à cheval » sur la frontière de la Guinée et du Sénégal (Arrondissements de Youkounkoun, Koundara, Termessè, Guinguan). Le nom authochtone des Koniagui est Vëwey (singulier Awèy).
- Les Bassari, très attachés à leurs coutumes ancestrales, ils sont autrement appelés Tenda par les Foulbhe ; mais leur vrai nom local et Bhëlëyan (singulier Alëyan).
- Les Badiaranke vivent dans la plaine fertile du Badiar (Sarebhoidho, Koundara). Ayant subi une certaine influence mande, ils se sont partiellement islamisés, se sont mieux sédentarisés et pratiquent à fond l’agriculture. Ils débordent en Guinée Bissao.
- Les Tyapis, de leur vrai nom Cocoli (Tyapi est un sobriquet utilisé par les Foulbhe). Ils sont originaires de Guinée Bissao mais vivent dans la région de Gaoual (Koumbia, Foulamory) ou alors ont émigré vers la région de Boké pour y rejoindre leurs parents Landoumans. Ce sont d’excellents cultivateurs, très fidèles à leurs croyances animistes.
En Guinée Forestière :
- Les Kissi, venus du Sud-Est du Fouta-Djallon pour s’installer dans les régions de Kissidougou et Gueckedou. Ce sont d’excellents agriculteurs (On les appelle aussi les « gens du riz »), qui pratiquent l’animisme, malgré une certaine christianisation. Ils vivent aussi en Sierra Leone, au Libéria, de l’autre côté des frontières.
- Les Lélé constituent un groupe ethnique minoritaire rattaché parfois aux Kissi et aux Maninka, vivant à cheval entre Kissidougou et Gueckedou (Yombiro, Kassadou).
- Les Loma ou Tomas semblent être les plus anciennement établis en Guinée Forestière. Ils vivent généralement entre le Diani à l’Est et la Makona à l’Ouest, dans la région de Macenta, avec beaucoup de rameaux se prolongeant au Libéria. Les Loma sont parmi les populations paléonigritiques forestières les plus authentiquement fétichistes. Ce sont des cultivateurs-chasseurs sédentaires.
- Les Guerzés ou Kpèllè vivent dans les régions de Nzérékoré, Yomou et débordent un peu au Libéria et en Côte d’Ivoire. Ils présentent des caractéristiques assez proches de celles des Tomas : bons cultivateurs, chasseurs, habitant des villages et hameaux peuples et sédentaires, très fortement croyants (fétichistes et partiellement chrétiens).
- Les Manon ou Mani, apparentés au Guerzés, vivent dans la région de Nzérékoré – Yomou (Diécké).
- Les Konon, aussi apparentés aux Guerzés, vivent dans la région de Lola.
b – Les Mandé
Les Mandé forment l’une des plus importantes fractions de la population noire soudano-sahélienne, aussi bien par leur nombre que par leur dynamisme. Leur berceau, le « Vieux Manding » ou le Manden, est placé au coeur de l’Afrique Occidentale, « à cheval » sur le Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire et la Haute Volta.
Après avoir participé à la grande épopée de l’Empire du Mali, ils ont essaimé à travers toute l’Afrique Noire de l’Ouest, depuis l’embouchure de la Gambie à l’Uest jusqu’à la boucle du Niger à l’Est, de la zone sahélienne au Nord à la forêt guinéenne au Sud. Ainsi la Guinée est située au centre de rayonnement du peuple Mandé dont les groupes représentatifs sont :
- les Maninka ou Malinké
- les Sosso ou Soussou
- les Diallonké
ainsi que d’autres sous-groupes apparentés aux uns ou aux autres.
Les Maninka
L’habitat traditionnel des Maninka est la Haute Guinée : régions de Kankan, Kouroussa, Siguiri, Faranah. Les vallées fertiles de nombreux cours d’eau poissonneux et navigable ont servi de terroir à ces populations d’agriculteurs, de pêcheurs et de marchangs ambulants (Dioulas). Peu à peu les Maninka sont sortis de ce cadre ancestral pour aller peupler les régions voisines de l’Ouest et du Sud : Dinguiraye, Dabola, Kérouané, Beyla, Kissidougou et même Macenta, Guéckédou, Nzérékoré. Là ils ont conservé leurs us et coutumes, leur langue.
Les Sosso
Les Sosso vivent aujourd’hui en Guinée Maritime qu’ils ont dû gagner à une époque ancienne en provenance de l’intérieur du Soudan et en passant par le Fouta-Djallon. Ce sont eux certainement qui avaient été le noyau du Royaume Sosso de Soumangourou Kanté. Les Sosso pratiquent l’agriculture, la pêche et le commerce ; ils dominent en Basse Guinée dont ils tendent à assimiler complètement les minorités ethniques.
Les Diallonké
Les Diallonké sont d’origine mandé. Ils ont occupé avant les autres ethnies le massif central et septentrional du Fouta-Djallon auquel ils ont d’ailleurs donné leur nom. Avec l’immigration massive des pasteurs-éleveurs Peulhs en provenance de l’intérieur du Soudan, les Diallonké ont dû, soit subir la domination et l’assimilation, soit céder la place pour se confiner sur les pourtours du Fouta-Djallon.
On trouve principalement des Diallonké
- dans le Sangalan, région NE de Mali
- à l’extrême Nord de Labé (Gadha Woundou) et de Tougué
- dans le Tamba, région de Dinguiraye
- au Nord Ouest de Siguiri
- dans le Baléya, région de Kouroussa
- dans le Firiah et le Solima, régions de Dabola – Faranah
- dans le Oure Kaba, au Sud de Mamou
Les Diallonké vivent d’agriculture, de chasse, de petit élevage. Ce sont des païens fétichistes en majorité. Les Diallonké assimilés se rencontrent au Fouta même où ils vivent dans des villages et hameaux particuliers : les dounè (au singulier roundé).
Autrefois ils étaient des captifs, agriculteurs et artisans habiles ; aujourd’hui, émancipés, ils participent au même titre que les autres ethnies à la vie politique.
Autres sous-groupes ethniques Mandé
Les Sarakollé ou Soninké islamisés dès les premiers temps, se sont installés par petits groupes commerçants tant au Fouta-Djallon (Mamou, Pita, Labé) qu’en Basse Guinée (Boke, Kindia).
Les Maninka-Mori ou Malinké-Marabouts, fondateurs de la ville de Kankan, sont des commerçants-marabouts d’origine Sarakollé ayant adopté la langue Maninka.
Les Moréaké ou « Gens du Moréah », sont des Malinké, commerçants, marabouts et guerriers, originaires de Kankan. Ils ont occupé le Moréah et fondé la cité de Forécariah à la fin du XVIIIè siècle. Ils ne parlent plus que la langue des Sosso.
Les Kouranko forment un rameau malinké installé dans le Sankaran : régions de Kankan, Kouroussa, Faranah, Kissidougou.
Les Konianké sont une autre branche malinké qui s’est introduite très profondément en pays forestier : Beyla, Kérouané, Macenta. A Macenta, le métissage entre les Malinké et les Tomas a engendré les Toma-Manian.
Les Diakhanké, appélés aussi Toubaka, sont de pieux marabouts d’origine Soninké, enclavés en pays Peul et parlant un dialecte maninka. Ils vivent dans les régions de Gaoual et de Boké, principalement dans le village saint de Touba (Gaoual).
Les Sebbhe (au singulier Tieddho) sont des Malinké du N’Gabou installés « à cheval » sur la frontière de Guinée et de Guinée Bissao, dans la région de Gaoual (Foulamory).
c – Les Peuls
Les Peuls ou Foulbhe (singulier Pullo) forment le plus impotrant groupe ethnique de la Guinée par le nombre. Ce sont des éleveurs semi-nomades venus du Sahel sénégalo-mauritanien et du Macina (Mali) à la recherche de pâturages. Par vagues successives, ils ont pénétré dans le pays montagneux de la Moyenne Guinée où, d’abord, ils se sont superposés aux populations autochtones Diallonké et Bagas, puis ont fini par les chasser ou par assimiler les restants.
A l’origine païens, les Peuls se sont vite islamisés et ont entrepris la soumission des ethnies environnantes par la guerre sainte (le Jihad). Ils ont fondé de grands empires dont les deux les plus célèbres sont :
- l’empire peul païen de Koli Tenguella (capitale Guémé-Sangan, près de Télimélé)
- l’empire peul musulman du Fouta-Diallon fondé par Karamoko Alfa (capitale Timbo, près de Mamou)
La société peule traditionnelle était solidement structurelle, comprenant
- à la base
- les serviteurs (les mattyoubhe, singulier mattyudho)
- les hommes de castes ou nyeenyubhe (forgerons, potier, tisserands, griots)
- au dessus
- les hommes libres ou Foulbhe. Ceux-ci sont répartis entre les quatres grandes familles suivantes :
- les Bah ou Baldé
- les Diallo
- les Barry
- les Sow
- les hommes libres ou Foulbhe. Ceux-ci sont répartis entre les quatres grandes familles suivantes :
Les Foulbhe vivent principalement dans les régions de Labé, Pita, Dalaba, Mamou, Tougué, Mali, Téliméle, Dabola, Dinguiraye, Gaoual, Kindia. D’autres encore sont descendus s’installer en Basse Guinée : Boké, Fria, Dubréka, Forécariah ainsi qu’au Badiar (région de Koundara) La traditionnelle structure sociale des Peuls est aujourd’hui abolie ; tout le monde sans distinction appartient à la grande famille des citoyens de la République de Guinée. Autrefois simples éleveurs transhumants, les Peuls sont devenus agriculteurs-pasteurs semi-sédentaires.
Ils n’entreprennet de grandes migrations qu’à l’occasion de la saison sèche contre laquelle ils protègent leurs troupeaux dans les zones humides des bas-fonds et des vallées fluviales.
Autres sous-groupes ethniques
Les Toucouleurs ou Torobbhé> (singulier Torodo)
Ils forment autour de Dinguiraye les descendants de la suite d’El Hadj Oumar Tall, venu s’installer là au XIXè siècle avec ses Talibés (disciples), en provenance du Fouta-Toro. Quelques familles s’en sont détachées pour aller vivre dans diverses villes de la Guinée : Mamou, Dalaba, Pita, Labé, Kindia, Dabola …
Les Foulacounda
Ce sont des Peuls d’origine, répartis entre la région Ouest de Koundara (Sarébhoidho) et la Guiné Bissao. Agriculteurs et éleveurs habiles, ils étaient d’abord païens, mais ont fini par s’islamiser.
Les Ouassoulounké (« Gens du Ouassoulou »)
Ce sont des Peuls installés depuis très longtemps dans le Haut Sankarani appelé Ouassoulou (régions de Kankan, Kérouané, Beyla, Siguiri et zones contiguës du Mali et de Côte d’Ivoire), en plein pays mande. De ce fait, ils se sont sédantarisés, se sont mélangés aux autochtones dont ils ont adopté la langue. Ce sont, malgré ce métissage, de grands éleveurs-agriculteurs.